Chaque année, c'est le même refrain: le tristement célèbre «Switzerland: zéro point» résonne à l'Eurosong. Depuis 2005 et la belle performance des Vanilla Ninja, groupe de filles qui s'était hissé à la 8e?place, la Suisse aligne les contre-performances. De 2007 à 2010, nos représentants n'ont même pas passé le cap des demi-finales, la palme revenant à Michael Von der Heide qui, en 2010, était arrivé bon dernier avec… deux points! L'an dernier, la Bâloise Anna Rossinelli s'était classée au 25e?rang. Le boysband Tessinois de Sinplus fera-t-il mieux en Azerbaïdjan? Quel que soit le verdict, certains, à l'instar d'Alain Morisod (voir ci-dessous), proposent d'arrêter ce jeu de massacre. Alors, doit-on boycotter l'Eurosong?

Alain Morisod, compositeur d'«Amour on t'aime» pour Arlette Zola à l'Eurovision 1982

Parce que cela fait des années qu'on nous prend pour des gogos. Certaines nations, comme les pays de l'Est, forment des blocs d'affinités en votant les uns pour les autres. On pourrait s'abstenir une année, histoire d'amorcer une réflexion, de lancer un pavé dans la mare. Mais je ne suis pas sûr que cela porterait ses fruits, car les autres risquent de s'en moquer.

Sur le plan artistique, cela ne veut plus rien dire. Depuis 1977 et la victoire de Marie Myriam avec «L'enfant et l'oiseau», on ne se souvient plus d'aucun titre. On préfère nous montrer des filles dénudées.

Carol Rich, 17e à l'Eurovision en 1987 avec «Moitié-moitié».

Parce qu'il s'agit d'une excellente vitrine qui permet aux artistes de s'exprimer. Lorsque j'ai concouru en 1987, Plastic Bertrand est arrivé bon dernier, et cela ne l'a pas empêché de vendre des millions de disques. La Suisse était le premier pays organisateur de l'Eurovision en 1956 et, à ce titre, je ne la vois pas boycotter la manifestation.

On devrait mieux encadrer les artistes, leur donner plus de moyens. Et pourquoi pas faire confiance à l'expérience? Mon fan-club alémanique insiste pour que je tente à nouveau l'expérience. Il faut juste que je trouve la bonne chanson.