Etats-UnisDonald Trump cherche à remanier son équipe
Le président américain tente de reprendre la main après des élections de mi-mandat qui montrent de plus en plus l'image d'un réel revers.
Tendu et visiblement amer depuis le revers des républicains lors des élections législatives, le président américain Donald Trump envisage dans une certaine confusion et sur fond de luttes internes un nouveau remaniement de son équipe.
Inquiet de l'avancée de l'enquête du procureur spécial Robert Mueller, le locataire de la Maison-Blanche a brutalement limogé son ministre de la justice la semaine dernière. Le secrétaire général de la Maison-Blanche, John Kelly, est semble-t-il, lui aussi, sur la sellette.
La ministre à la sécurité intérieure Kirstjen Nielsen - une proche de ce dernier - est également donnée partante. Le président serait, selon plusieurs médias, mécontent de sa gestion du dossier sensible de l'immigration. «Je prendrai une décision rapidement sur la sécurité intérieure», a-t-il affirmé mercredi dans un entretien au Daily Caller.
Virée sur demande de Melania
S'il est resté évasif sur ses projets, il a réaffirmé, pour mieux contrer l'idée selon laquelle nombre de républicains préféreraient se tenir à l'écart de sa présidence, que le pouvoir d'attraction de la Maison-Blanche restait intact. «Beaucoup de gens veulent venir, nombre de politiques qui ont eu des carrières couronnées de succès veulent venir», a -t-il assuré.
Pour ajouter à la confusion et à l'impression de flottement, la première dame, Melania, d'ordinaire extrêmement discrète sur le fonctionnement de la présidence, est soudainement sortie de son silence pour réclamer et obtenir le limogeage de Mira Ricardel, proche collaboratrice de John Bolton, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump.
Selon le Wall Street Journal, l'équipe de Mme Trump soupçonne Mme Ricardel d'être à l'origine d'«histoires négatives» la concernant.
Au-delà du flou sur la portée exacte de cet énième remaniement au sein de l'exécutif américain, cette deuxième moitié de mandat ne débute pas, loin s'en faut, dans un climat de sérénité.
A Paris, lors d'une fin de semaine chargée en symboles pour la commémoration de la fin de la Première Guerre mondiale, Donald Trump a déclenché une avalanche de critiques en annulant au dernier moment la visite d'un cimetière américain. Il est par ailleurs resté étonnamment en retrait et silencieux, comme s'il était entièrement absorbé par la situation à Washington.
Réel revers pour Trump
Huit jours après les élections, la frustration présidentielle est de fait palpable. Une fois dissipés les brouillards de la communication politique et accumulés les nouveaux résultats qui tombent au compte-gouttes, l'image qui émerge du 6 novembre est celle d'un réel revers pour M. Trump, qui avait fait de ce rendez-vous, selon ses propres termes, un «référendum» sur sa personne.
Les chiffres sont là et son tweet sur l'«immense succès» du Grand Old Party sonne désormais creux.
Les démocrates devraient, in fine, gagner entre 35 et 40 sièges à la chambre des représentants. Les républicains, qui disposaient d'une carte électorale particulièrement favorable au Sénat, ne devraient progresser que d'un ou deux sièges à la chambre haute.
A l'issue d'un scrutin extrêmement serré, la démocrate Kyrsten Sinema a emporté lundi dans l'Arizona un siège détenu jusqu'ici par le républicain Jeff Flake, qui ne se représentait pas.
Quelques jours auparavant, Donald Trump laissait pourtant entendre que les sondages et les analystes avaient tort et qu'une surprise comparable à celle de 2016 était dans l'air.
Et il devra désormais abandonner en réunion électorale l'un de ses couplets préférés, celui dans lequel il rappelait, moqueur envers les hommes politiques traditionnels, qu'il n'avait fait campagne qu'une seule fois dans sa vie et qu'il l'avait emporté.
L'analyse de ces résultats montre que l'équation électorale de Donald Trump pour sa réélection en 2020 se complique. Plusieurs Etats du Midwest cruciaux dans sa victoire surprise de 2016 pourraient en effet virer du rouge (républicain) au bleu (démocrate).