Les deux lettres mythiques DS sont apparues pour la première fois en 1955 sur une voiture qui marquait une double révolution: mécanique par sa suspension hydraulique, stylistique par un design complètement innovant. Un chiffre montre la pertinence de cette audace: 12 000 commandes furent enregistrées lors de la première journée du Salon de Paris! Le choc est illustré par un commentaire du sémiologue Roland Barthes dans «Mythologies», paru en 1957: «Il se peut que la Déesse marque un changement dans la mythologie automobile.»

Pour renouer avec les deux lettres célèbres, il eût été tentant de s'orienter vers des silhouettes vintage. Entendez… d'imiter Mini. Ou la Ford Mustang. Les stylistes se concentrèrent sur l'esprit, à savoir conférer une valeur de premier plan au design des nouvelles DS. La réussite n'a peut-être pas été aussi soudaine que pour les ancêtres, il n'empêche que sur les plus de 500 000 DS vendues, 300 000 l'ont été à de nouveaux clients.

Bingo! En Suisse, près de 2000 ont trouvé preneur en 2014, dont 1200 DS3. On dépasse les 6300 depuis son apparition en 2010, Cabrio compris. Les deux modèles DS4 et DS5 n'ont pas fait un carton comme leur petite sœur, tout en convainquant un cercle élargi de consommateurs. Les arguments que ces derniers citent sont d'abord le fait de briser les règles en sortant du lot, d'égayer le quotidien et de susciter la fierté d'en être propriétaires.

Dans la situation économique actuelle, il n'y a pas trente-six solutions pour croître. En Europe, il s'agit de prendre des parts d'un marché dont la progression est limitée. Ailleurs, asseoir sa position. Le premier axe d'expansion de DS passe par une répartition géographique élargie: 160 grandes métropoles du monde auront leur «DS Store», en Suisse le premier va ouvrir à Genève. Une accélération des implantations est prévue en Russie, en Amérique latine et en Chine. Une centaine d'enseignes ont été installées.

Second axe: offrir six modèles au lieu de trois. On sait qu'une version berline à trois volumes est construite en Chine, mais pour d'autres projets, c'est encore top secret. Sans être grand devin, un crossover ferait bien dans le paysage, car la DS4, de l'aveu même de ses concepteurs, n'en est pas un. Il s'agit en réalité d'un coupé haut sur pattes. Cette réflexion a conduit à une petite erreur d'appréciation: faciliter l'accès avec quatre portes, mais sans prévoir la possibilité d'ouvrir les fenêtres arrière. La DS5 poursuit sa carrière sans changement pour le moment.

La présentation a eu lieu à Paris dans le DS Store ouvert voici un an. La signature lumineuse de DS3 a changé, elle fait désormais appel à une combinaison d'un projecteur au xénon et à des diodes «Full LED». L'éclairage gagne en puissance et s'approche de la lumière du jour. De nouveaux moteurs apparaissent, dont un 1,6 l THP de 165 ch qui remplace celui de 155 ch. Il est plus moderne pour respecter les dernières normes Euro VI et consomme 5,6 l/100 km, soit 3,5% de moins que son prédécesseur grâce, notamment au Start & Stop qui l'arrête au feu rouge.

Le freinage automatique en ville fait partie de l'équipement de série, il s'appuie sur un capteur laser. Sur de petites routes, nous avons pu apprécier une fois de plus un châssis ébouriffant de stabilité et de dynamisme. La prochaine étape sera sûrement, sinon de tout reprendre, du moins de mettre au goût du jour la console et son écran d'affichage, paraissant un peu désuets.

Côté DS4, un 3 cylindres de 130 ch apparaît et assure un dynamisme amusant à cette voiture originale. Un diesel de 120 ch complète l'offre, il devrait remporter la majorité des suffrages puisque c'était le cas de son prédécesseur de 115 ch. Il consomme 16% de moins (3,7 l/100 km) et émet 12% de CO2 en moins (97 g/km). Le décor intérieur très design fleure bon un certain luxe et marque la différence avec une concurrence… difficile à trouver. Les «coupés hauts sur pattes» jouent en effet dans des sphères autrement plus coûteuses chez les allemandes.