France: Édouard Philippe convie les syndicats en grève

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FranceÉdouard Philippe convie les syndicats en grève

Le premier ministre français a invité les syndicats à participer à une série de réunions dès la semaine prochaine afin d'apaiser la colère liée à la réforme des retraites.

La réforme des retraites expliquée.

La mobilisation en France contre la réformes des retraites, qui paralyse les transports publics, est entrée vendredi dans son neuvième jour et pourrait se prolonger jusqu'à Noël malgré l'invitation au dialogue du gouvernement.

Loin d'apaiser la colère, les précisions sur le projet apportées mercredi par le premier ministre Édouard Philippe ont suscité l'opposition frontale de tous les syndicats, y compris de ceux qui soutenaient jusqu'alors le principe de la réforme.

Face à cette levée de boucliers, et afin d'éviter que ce mouvement ne s'élargisse encore davantage, Édouard Philippe a convié les organisations syndicales et patronales pour un «cycle de réunions». Il a souhaité que cette concertation démarre «le plus tôt possible la semaine prochaine», ont annoncé ses services tard jeudi soir à l'AFP.

Le premier ministre a toutefois réitéré sa détermination à instaurer un «système universel de retraite» par points pour remplacer les 42 régimes actuels, mais avec quelques concessions aux syndicats.

Calendrier assoupli

Le calendrier a été assoupli: le nouveau système ne s'appliquera qu'aux Français nés en 1975 et après, a-t-il assuré. La disparition des régimes spéciaux est confirmée mais, pour les conducteurs de la compagnie ferroviaire SNCF et de la régie des transports parisiens RATP, qui peuvent partir dès 52 ans, la réforme s'appliquera à partir de la génération 1985.

Des mesures ont aussi été annoncées en direction des plus précaires, notamment l'instauration d'une retraite minimum garantie de 1000 euros.

Mais, a averti le chef du gouvernement, «la seule solution est de travailler un peu plus longtemps [...], comme c'est le cas partout en Europe». Si l'âge légal de départ à la retraite reste fixé à 62 ans, le projet prévoit «un âge d'équilibre» progressivement amené à 64 ans et «un système de bonus-malus» pour inciter à travailler plus longtemps.

Inacceptable pour les syndicats

Inacceptable pour les syndicats qui ont promis d'amplifier le mouvement. La «ligne rouge est franchie», pour Laurent Berger, numéro un du premier syndicat de France, la CFDT. Favorable au principe d'un régime universel de retraite, la CFDT refuse absolument l'instauration d'un âge d'équilibre à 64 ans.

«Je suis prêt à discuter, évidemment qu'on va discuter», a toutefois déclaré Laurent Berger jeudi matin.

Après avoir échangé par téléphone avec les partenaires sociaux jeudi après-midi, Édouard Philippe «a confirmé sa proposition de dialogue pour continuer à améliorer le projet porté par le gouvernement», ont expliqué ses services.

Pas de trêve des confiseurs

Vendredi, les syndicats des enseignants, également très mobilisés par crainte de perdre une grosse partie de leur pension, sont reçus par le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer.

La grève dans les transports ne connaît aucune trêve. Pas même celle dite «des confiseurs», pour les fêtes de fin d'année. La CGT-Cheminots, un des principaux syndicats dans les chemins de fer, a annoncé que le blocage continuera «sauf si le gouvernement revient à la raison» en retirant son projet.

Sur les routes comme dans les transports en commun, le trafic restait très perturbé notamment en région parisienne, où neuf lignes de métro restaient fermées et un peu plus de 50% des bus à l'arrêt. Selon les lignes, un RER (desservant la banlieue) sur deux ou trois circulaient, un quart des trains à grande vitesse (TGV) et la même proportion de trains de banlieue parisienne.

«C'est très compliqué, avec les trains bondés», témoignait à la gare de Lyon Elsa, 23 ans, auxiliaire de puéricultrice. «Si ça se prolonge, je vais continuer à faire ça, c'est épuisant mais je n'ai pas d'autre possibilité, on ne peut pas tous faire du télétravail...», soulignait-elle.

Nouvelle fronde sociale

Face à cette nouvelle fronde sociale, le président Emmanuel Macron, qui a fait de la «transformation» du pays la raison d'être de son quinquennat, joue gros.

La retraite est un sujet éminemment sensible en France, la population restant attachée à un des systèmes les plus avantageux au monde. Et le contexte est déjà tendu dans le pays, avec le lancement il y a plus d'un an du mouvement des «gilets jaunes», mais aussi des mécontentements exacerbés dans les hôpitaux ou encore parmi les policiers.

(AFP)

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