Suisse: Eleanor: le système d'alertes a fait ses preuves

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SuisseEleanor: le système d'alertes a fait ses preuves

La tempête Eleanor/Burglind a démontré que la Suisse avait fait de gros progrès dans l'avertissement des catastrophes naturelles.

Pascal Schmuck
Zurich
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Pascal Schmuck
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Eleanor/Burglind a couché près de 1,3 millions de mètres cubes  de bois sur l'ensemble du territoire, a indiqué l'OFEV. (Jeudi 18 janvier 2018)

Eleanor/Burglind a couché près de 1,3 millions de mètres cubes de bois sur l'ensemble du territoire, a indiqué l'OFEV. (Jeudi 18 janvier 2018)

Keystone
La tempête Evi balaie la Suisse depuis lundi 15 janvier au soir. C'est dans le canton d'Obwald que les rafales records ont été enregistrées, à 180 km/h mardi 16 janvier après-midi.

La tempête Evi balaie la Suisse depuis lundi 15 janvier au soir. C'est dans le canton d'Obwald que les rafales records ont été enregistrées, à 180 km/h mardi 16 janvier après-midi.

Keystone
Le bilan des dégâts de la tempête Eleanor a été revu à la hausse. Il pourrait atteindre les 100 millions de francs, en Suisse. (Mardi 9 janvier 2018)

Le bilan des dégâts de la tempête Eleanor a été revu à la hausse. Il pourrait atteindre les 100 millions de francs, en Suisse. (Mardi 9 janvier 2018)

Keystone

La tempête Eleanor/Burglind s'est déchaînée mercredi en Suisse. Comme prévu, à la plus grande satisfaction de MeteoSuisse, qui avait correctement anticipé le fil des évènements. L'Office fédéral de météorologie et de climatologie envoie désormais près de 3,5 millions d'avertissements sur des appareils portables à chaque alerte, explique le Tages-Anzeiger dans son édition du 4 janvier 2018.

Ce n'est pas la tempête Lothar en 1999 qui a provoqué un éveil des consciences mais les inondations d'août 2005, qui avaient coûté la vie à sept personnes. Des analyses postérieures de l'Office fédéral de l'environnement avaient démontré que le montant des dégâts aurait pu être réduit d'un demi-milliard si les principaux concernés avaient pu être alertés.

Mise en place des outils

Moins d'une semaine plus tard, Berne lançait son projet d'alarme et la transmission de l'alerte en cas de dangers naturels ou OWARNA (pour Optimierung der Warnung und Alarmierung bei Naturgefahren). Un rapport final paru en 2007 estimait que le montant des dégâts dus aux catastrophes naturelles pouvait être réduit de 20% si les états-majors de crise et les citoyens étaient correctement avertis.

OWARNA a entrepris de préparer de meilleurs modèles sur la base d'un plus grand nombre de données pour améliorer la prédiction et la collaboration entre les organes fédéraux impliqués. Ces derniers se sont réunis au sein du Comité de direction «Intervention dangers naturels» (LAINAT) qui a créé une plateforme d'échange d'informations.

Un taux de prédiction correct de 86%

En cas de catastrophe annoncée, un état-major se met en place. Lorsque l'intensité prévue est élevée (au-delà du niveau 4 sur une échelle de 5), la Confédération peut émettre un message d'alerte qui doit être impérativement diffusé à la radio et à la télévision. Dans ce cadre, MeteoSuisse est chargé de lancer les avertissements assez tôt, mais aussi d'éviter ceux qui sont superflus.

L'Office fédéral de météorologie et de climatologie a pour mission d'assurer un taux de pertinence de 85% et de ne pas dépasser les 30% pour les fausses alertes. Sur les cinq dernières années, MeteoSuisse a ainsi vu juste à 86% et a réagi de manière erronée dans 20% des cas.

Le système a fait ses preuves

Chaque année, l'Office fédéral envoie entre 40 et 80 avertissements pour des évènements de catégorie 3 au moins, qui représente un danger considérable. C'était le cas de la tempête Eleanor/Burglind mercredi. Les alertes de degré 4 ont été au nombre de deux en 2015 et 2016 et de trois en 2017. Il n'y a pas eu de niveau 5 mais si le système avait existé à l'époque de l'ouragan Lothar, ce dernier y aurait eu droit.

Le système mis en place a déjà fait ses preuves à plusieurs reprises. Les inondations d'octobre 2011 ont été correctement anticipées et les mesures de prévention prises à cette occasion ont empêché que se répètent les drames de 2005.

Un niveau élevé de mise en garde

L'amélioration du système d'avertissement a pu être mis en place grâce à l'explosion du nombre de smartphones et autres appareils nomades en exploitation en Suisse. Les alertes sont envoyées plus vite et plus précisément selon les régions touchées. Chaque année, MeteoSuisse envoie environ 290 millions de «push».

Ce nombre est appelé à croître car l'application de MeteoSuisse est désormais équipée de nouveaux serveurs depuis la fin octobre 2017. Ces derniers peuvent envoyer un million d'avertissements en moins d'une minute.

Selon le Conseil fédéral, la Suisse a atteint un niveau élevé de mise en garde contre les catastrophes naturelles. L'Organisation Météorologique Mondiale (OMM)propose désormais un changement de paradigme. Elle demande que les avertissements ciblent davantage les risques potentiels. Il ne s'agit plus seulement de lancer une alerte pour une tempête mais d'estimer quelles régions ou quelles activités seront particulièrement impactées, comme le transport aérien ou routier.

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