EspagneElle purge 7 ans pour avoir tué son bourreau
Une Equato-Guinéenne croupit en prison après avoir poignardé à mort son compagnon qui l'a brutalisée, l'a forcée à se prostituer et lui a sournoisement transmis le sida à elle et son fils.
- par
- Ma.Mo.

Photo d'illustration.
C'était lui ou elle. Ce 20 septembre 2015, alors que William est frappé d'une mesure d'éloignement à son égard suite à des violences récurrentes, il parvient à briser un barreau en fer qu'elle a fait mettre exprès quelques semaines auparavant à ses fenêtres. Appelée, la police vient puis repart.
La police tourne les talons mais William, lui, revient. Il tente de mettre le feu aux rideaux de la fenêtre. «Ouvre la porte, aujourd'hui, je vais te tuer, je t'ai déjà dit que j'allais te tuer, je m'en fous que la police vienne, aujourd'hui, tu vas tout perdre, ton fils, ta maison, tout!», hurle l'homme, au seuil de la maison de Gloria. Cette femme qui vit à Madrid depuis 5 ans et a alors 38 ans, sort armée d'un couteau de cuisine et le tue, raconte «El País» qui a eu accès à une bonne partie du dossier judiciaire.
Le quotidien espagnol a reconstitué la chronologie des événements qui ont précédé le drame sur plusieurs années. Gloria Chochi, avec pour seul bagage l'équivalent de la maturité en poche, débarque de sa Guinée Equatoriale natale à Madrid, pour venir y rejoindre sa mère et sa sœur qui y sont installées depuis plusieurs années. La jeune femme qui a alors une trentaine d'années, veut se donner les moyens de prendre son destin en mains. Elle suit alors une formation en gériatrie, un secteur où l'Espagne manque de bras.
Prostituée de force
Deux ans plus tard, elle rencontre celui qu'elle considérera, selon le rapport des psychiatres, «comme un dieu». William Richard est nigérian. Commence alors une histoire de violence extrême, documentée par les différents services enclins à s'occuper des femmes victimes de violence conjugale, consultés par «El País»: les services sociaux de Fuenlabrada, où vit la jeune femme au sud de Madrid, l'unité de soutien à la cohabitation; le centre d'attention complète aux drogués - l'homme la fait boire pour l'avoir sous sa maîtrise, dira le rapport de son psychiatre - ; l'unité des alcooliques, etc.
Durant 6 mois en 2013, William met Gloria sur le trottoir pour ramener de l'argent à la maison. En donnant naissance à leur enfant, un petit Jonathan, Gloria prend connaissance que son compagnon est porteur du VIH. Son petit et elle-même ont «hérité» du virus. L'avocat de Gloria, Claudia Lobos, souligne: «Si elle l'avait su, on aurait pu éviter que le petit soit aussi contaminé, en pratiquant une simple césarienne».
Le verdict, sept ans de prison avec circonstances atténuantes, a été prononcé la semaine dernière mais souligne que Gloria devrait implorer la clémence du gouvernement. En attendant, Jonathan, 5 ans, ne voit sa mère qu'une fois par mois.