JO de Tokyo«Elles ont toutes eu un poster de Nino dans leur chambre!»
Coach personnel de Nino Schurter, le Jurassien Nicolas Siegenthaler est heureux pour les trois Suissesses, dont Jolanda Neff, qu’il a vu grandir quand il courait avec son père.

- par
- Christian Maillard

Comme de nombreux Suisses, Nicolas Siegenthaler a vécu une magnifique journée ce mardi.
«C’est extraordinaire!» Coach de Nino Schurter, grand connaisseur de VTT et désormais préparateur physique du Centre régional de performance du Giron jurassien de ski nordique, Nicolas Siegenthaler a suivi l’exploit des Suissesses chez lui, devant sa télévision avec sa fille Émilie et Camille Balanche, les deux descendeuses, qui ont vibré comme lui et tout un pays ce mardi matin. «Il y avait aussi un jeune coureur du Costa Rica qui est en vacances à la maison qui a pu vivre ça», s’exclame ce Biennois de 63 ans, si heureux pour ces athlètes qu’il a vu grandir…
Jolanda Neff championne olympique, Sina Frei deuxième et Linda Indergand troisième, cela vous inspire quoi, vous le coach personnel de Nino Schurter?
Beaucoup de choses! J’ai tout d’abord pensé à cette petite fille qui avait trois ans et qui faisait du monocycle durant toute la journée pendant les compétitions. J’avais couru avec son père, Markus Neff, champion du monde Masters en 1997. C’est une famille passionnée de sport comme tout ce coin de Saint-Gall où elle a grandi. Je pense également que cette victoire, ce triomphe, c’est l’effet Schurter. Vous pouvez demander à ces trois filles sur le podium, elles avaient toutes des posters de Nino dans leur chambre.
Il y a aussi une part de l’armée suisse dans ce podium, n’est-ce pas?
C’est juste. Ces trois femmes ont effectué leur armée en qualité de sportive d’élite grâce à Franz Fischer qui est le responsable du projet. Moi qui suis objecteur et pas du tout militaire, je dois reconnaître que cela a également été la pierre angulaire de la carrière de Nino Schurter en 2007 et 2008 avant sa médaille de bronze aux Jeux de Pékin. L’hiver, son travail en ski de fond avait été bénéfique. L’armée permet aussi à Jolanda, Sina et Linda d’être salariées et de vivre de leur sport comme des pros avec un revenu mensuel entre 3000 à 4000 francs. Il faut également souligner l’excellent travail de Beat Müller, chef compétition, qui les a fait progresser techniquement.
C’est ce qui a fait la différence ce mardi…
Les Françaises étaient très fortes mais elles avaient un débours à ce niveau-là. Dans des conditions extrêmes où la pluie avait rendu glissant le parcours, les Suissesses étaient tout simplement les meilleures.
Ce triomphe a-t-il été minutieusement préparé?
Mathieu Van der Poel s’est d’ailleurs rendu compte que venir deux jours avant les Jeux et croire qu’on peut gagner ainsi, cela ne marche pas en VTT. Peter Sagan avait cru également il y a 5 ans à Rio que ce serait facile. Même s’ils sont forts, notre sport nécessite de la pratique et de la préparation. Heureusement d’ailleurs sinon nous les entraîneurs, on passerait pour des blaireaux et on aurait plus qu’à aller à la pêche. On ne servirait à rien!
Qu’a-t-il manqué à Nino Schurter, 4e dans l’épreuve masculine la veille, pour remporter également une médaille?
Nino était lui aussi en grande forme mais il faut reconnaître que les autres étaient plus forts que lui. Mais à 35 ans, il était toutefois proche de la médaille. Si le parcours s’était terminé par une descente et non une montée, il aurait fini devant l’Espagnol. C’est comme Linda Indergand, s’il n’y avait pas eu au final une bosse aussi raide, Sina Frei aurait été troisième.

Jolie photo de famille au terme du triomphe du VTT suisse ce mardi à Tokyo.
En voyant cette belle photo d’équipe à la fin, on a le sentiment que le VTT est une grande famille. Vous confirmez?
C’était en effet une journée incroyable. Il suffisait de voir devant la télé la réaction de ma fille Émilie et de son amie Camille, deux descendeuses, qui ne sont pas forcément proches du cross. J’ai été surpris. Mais contrairement au tennis ou au golf, c’est un sport simple où il y a un lien fort avec la nature. Vous avez vu ce parcours au Japon? Le cadre est absolument magnifique. C’est comme lorsque l’on croise un chevreuil en plein entraînement, c’est une belle récompense. Mais quelle journée incroyable…