Justice: Élu vaudois accusé d'avoir trafiqué des bulletins de vote

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JusticeÉlu vaudois accusé d'avoir trafiqué des bulletins de vote

Le conseiller communal du Parti socialiste de Renens, A.K., a comparu aujourd'hui à Lausanne. Il devait répondre de captation de suffrages lors des élections de 2016. Le Parquet requiert 1500 francs d'amende.

Evelyne Emeri
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Evelyne Emeri
A.K. est accusé d'avoir cumulé son propre nom sur des bulletins de vote pour favoriser sa réélection.

A.K. est accusé d'avoir cumulé son propre nom sur des bulletins de vote pour favoriser sa réélection.

FB/DR

L'affaire est rarissime. Parole de procureur. Christian Buffat, représentant du Ministère public central vaudois, a renvoyé l'élu de Renens devant le Tribunal de police de Lausanne pour captation de suffrages. Les faits remontent au mois de février 2016. Au lendemain du scrutin, un corbeau, puis d'autres, avait dénoncé A.K., l'accusant d'avoir cumulé son propre nom sur des bulletins de vote pour favoriser sa réélection et d'avoir biffé systématiquement les noms de cinq de ses principaux rivaux socialistes. Deux d'entre eux avaient du reste perdu leur siège avant d'être réintégrés, après recomptage, au sein du Conseil communal.

Il aurait fait pression sur la communauté kurde

Ce détournement de suffrages aurait pu en rester là. Un des socialistes, visé par cette manipulation, a déposé plainte au terme de son audition comme témoin. Le Parquet s'en est mêlé estimant ce «votejacking» suffisamment parlant pour instruire. En mai dernier, le procureur Buffat rendait un acte d'accusation court et massue. Il charge lourdement le conseiller communal, qui siège, toujours et sans faillir, au plénum de Renens.

Pour le ministère public, le politicien et d'autres comparses non identifiés auraient modifié quelque 120 bulletins de vote officiels du Parti socialiste de la ville de l'Ouest lausannois lors de l'élection 2016. Ces bulletins auraient été remis à des électeurs et des électrices appartenant notamment à la communauté kurde - l'accusé est né à Besni, en Turquie - chez qui A.K. se serait rendu personnellement pour les inciter à voter pour lui. Suite au dépôt des différentes dénonciations anonymes, l'intégralité du matériel électoral avait été mis sous séquestre.

Verdict jeudi

Polymécanicien de profession, le prévenu de 54 ans conteste toute implication. Il est défendu par Me Antonella Cereghetti Zwahlen, qui a plaidé son acquittement au bénéfice du doute. Pénalement, il risque une amende. Le procureur a requis un montant de 1500 francs, arguant d'un faisceau d'indices manifeste. Politiquement, la sanction pourrait être plus dure. A.K. est aussi dans le collimateur du Parti socialiste vaudois (PSV). Ce dernier a ouvert une procédure disciplinaire à son encontre, qui pourrait lui coûter son fauteuil au législatif. Toute décision est suspendue au verdict de la Cour, qui sera rendu jeudi après-midi, au Palais de justice de Montbenon.

evelyne.emeri@lematin.ch

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