Résultats mirobolantsEn 2022, Genève a croulé sous l’argent du négoce
Le canton de Genève clôt l’année 2022 avec un excédent net de 727 millions de francs. Le négoce des matières premières a flambé comme jamais.

- par
- Eric Felley

La situation financière du canton de Genève est sous contrôle.
1,76 milliard de recettes fiscales supplémentaires et 727 millions d’excédents nets sur un budget de 11,1 milliards de francs, le résultat des comptes 2022 du canton de Genève affiche une insolente santé. Présenté par le Conseil d’État ce jeudi 30 mars, il est dû à la bonne marche des secteurs clefs pour l’économie genevoise que sont «le commerce international, la finance et l’horlogerie».
Profitant d’une année très instable à l’internationale, le secteur de négoces des matières premières a flambé comme jamais. À lui seul, il représente près de la moitié de l’impôt cantonal et communal sur le bénéfice. «Le Temps» cite l’exemple la société Trafigura, numéro deux mondial du commerce de pétrole. Son bénéfice a atteint «7 milliards de dollars en 2022, le double de son précédent record, et a versé 1,7 milliard de dividendes à ses actionnaires, tous employés du groupe, qui emploie 550 personnes dans le canton».
Gros contraste avec le déficit prévu
Le Conseil d’État précise: «Ce résultat contraste avec le déficit de -93 millions prévu au budget 2022. Ce résultat aurait été encore plus élevé (+1.3 milliard), si le Conseil d’État n’avait pas décidé d’affecter 606 millions supplémentaires à l’amortissement de la réserve budgétaire liée à la recapitalisation de la caisse de prévoyance de l’État de Genève (CPEG). Cet amortissement additionnel permet de diminuer, pour les 37 années à venir, les coûts de fonctionnement de l’État de 16 millions de francs par an».
Des économies injustifiées
Mais cette bonne santé financière fait grincer des dents à gauche. «Budgets de misère et comptes en or…», s’insurge l’Union populaire dans un communiqué: «Les mauvais esprits expliqueront que le Département des finances a fait exprès de sous-estimer massivement ses recettes pour contraindre les services publics et les prestations sociales à des économies injustifiées. (…) Ceci montre qu’on aurait pu faire beaucoup mieux durant ces deux dernières années, pour l’hôpital, pour la formation, pour les transports publics, pour l’aide sociale, etc.»
Sur le dos des plus faibles
Dans leur communiqué, les Vert.e.s genevois ne sont pas en reste: «En pleine crise sociale et climatique, ce milliard aurait pu – aurait dû – servir à financer des prestations à la population et des investissements massifs en faveur de la transition écologique, au bénéfice de l’ensemble de la collectivité». Plus fondamentalement, les écologistes évoquent une richesse qui se fait sur le dos des plus faibles: «La part bientôt majoritaire du secteur du négoce dans les revenus issus de l’imposition des personnes morales met en effet en lumière un aspect peu flatteur de notre économie: lorsque les prix des matières premières s’envolent sur les marchés et que des populations entières le paient «cash» en misère et en famines, la Suisse, elle, et Genève en particulier, s’enrichit».