Ski alpin: «En cas d’annulation, j’aurais renoncé à la Streif samedi»

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Ski alpin«En cas d’annulation, j’aurais renoncé à la Streif samedi»

Beat Feuz a bien failli poursuivre une sorte de malédiction sur la Streif. Il doit une petite partie de sa victoire à son coéquipier Ralph Weber, auquel il a promis une bière.

Sylvain Bolt, Kitzbühel
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Sylvain Bolt, Kitzbühel
B
eat Feuz et sa compagne Kathrin étaient très heureux dans l’aire d’arrivée.

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eat Feuz et sa compagne Kathrin étaient très heureux dans l’aire d’arrivée.

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Avant de pouvoir être enfin couronné pour la première fois sur la Streif vendredi, Beat Feuz est passé par toutes les émotions. Sur la piste, il a été plus rapide que tous ses rivaux mais a failli être privé de sacre en raison d’un adversaire imprévisible: le vent. «Cet élément était au cœur de toutes les discussions à l’arrivée. La course allait-elle être annulée? Ce n’était pas très clair car en bas il n’y avait pas du tout de vent, a expliqué le Bernois, tenant fermement son chamois d’or. Dominik Paris est venu me voir, il a appelé pour avoir des informations sur le haut de la piste où visiblement ça soufflait. C’était assez stressant.»

«Le sentiment, c’est qu’on a servi de bouche-trou aujourd’hui.»

Brice Roger, descendeur français

Pour que la course soit validée, il fallait que les trente premiers dossards aient franchi la ligne d’arrivée. La menace d’une annulation pure et simple a passablement tendu les esprits dans le final désert de la Streif. Le soulagement s’est clairement fait ressentir dans le camp suisse lorsque la course a pu reprendre après une deuxième interruption liée au vent et que la FIS a décidé d’arrêter la course après le passage du Français Nicolas Raffort, dossard 30, qui a permis de valider le sacre de Beat Feuz. «Le sentiment, c’est qu’on a servi de bouche-trou aujourd’hui. On a servi à compléter la course pour la valider, c’est tout. On savait en haut qu’ils allaient forcer pour envoyer les 30, même si c’était craignos, a réagi Brice Roger, dossard 27. On en parlait avec Odermatt (ndlr: dossard 31), on savait que ça allait être annulé.»

Weber en «sauveur» de Feuz

Le Suisse Ralph Weber, dossard 29, a lui avoué dans l’aire d’arrivée avoir surtout tenté de terminer la course pour assurer le triomphe de son coéquipier et n’a d’ailleurs pas pris le moindre risque, terminant dernier à près de cinq secondes de Beat Feuz. «Il faudra que je lui paie une bière à l’occasion, s’est marré le Bernois en apprenant le geste de son coéquipier. C’était sombre, ils ne voyaient rien dès le dossard 25. Je ne me retrouve rarement dans ce genre de conditions. Mais respect à ces coureurs!»

«Il doit y avoir un saut final d’arrivée, c’est Kitzbühel, mais pas aussi long. Sauter 60 ou 70 mètres? C’est non!»

Beat Feuz, choqué par l’accident de son jeune coéquipier


«Kugelbliz» a forcément été marqué par la terrible chute de son coéquipier Urs Kryenbühl sur la dernière bosse de la Streif. «Ce choc m’a fait remonter des terribles souvenirs de l’accident de Daniel Albrecht au même endroit (ndlr: en 2009). Ce saut était facile à corriger, mais cela n’a pas été fait apparemment. Il doit y avoir un saut final d’arrivée, c’est Kitzbühel, mais pas aussi long. Sauter 60 ou 70 mètres? C’est non! À l’époque, Maier ou Eberharter ne sautaient pas si loin non plus.»

Le Bernois, soulagé d’avoir remporté la classique qui manquait à son riche palmarès, doté d’un titre de champion du monde 2017 de descente et de deux médailles aux JO 2018 (bronze en descente, argent en super-G), aurait très pu partir bredouille de Kitzbühel. «Mentalement, ça aurait été vraiment terrible si la course avait été annulée. Je ne me serais pas présenté au départ samedi, a déclaré Beat Feuz. Avec en plus la chute de Urs, je n’aurais pas pu prendre autant de risques.»

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