Football: «En Suisse, on a fait preuve d’une trop grande légèreté»

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Football«En Suisse, on a fait preuve d’une trop grande légèreté»

Consultants sur Teleclub, «Gabet» Chapuisat et Alain Rochat livrent leur avis sur la situation actuelle en Super League, dont la fin de saison est sérieusement mise en doute.

par
Brice Cheneval
Alain Rochat (à gauche) et «Gabet» Chapuisat (à droite) n’ont pas été vraiment surpris par l’apparition de cas de coronavirus en Super League.

Alain Rochat (à gauche) et «Gabet» Chapuisat (à droite) n’ont pas été vraiment surpris par l’apparition de cas de coronavirus en Super League.

Moins d’un mois après sa reprise, la Super League se retrouve à la croisée des chemins: faut-il aller au terme de la saison, ou l’achever prématurément? Cette question, sous-jacente depuis plusieurs semaines, est à nouveau en première ligne. Les doutes se sont accélérés vendredi dernier, avec l’annonce du premier cas de coronavirus en Super League (Mirlind Kryeziu, FC Zurich), contraignant les joueurs de l’effectif zurichois à rester en quarantaine pendant 10 jours. Plus tard, on apprenait que le FCZ comptait 9 personnes positives au Covid-19 (6 joueurs et 3 membres du staff).

Bien que retentissante, l’annonce n’a fait qu’exposer un problème auquel beaucoup s’attendaient. «Je n’ai pas été étonné, on savait que le danger planait. Tout le monde redoutait ce moment», relève «Gabet» Chapuisat, ancien joueur du FC Zurich et aujourd’hui consultant sur Teleclub. «Ce n’était qu’un question de temps. C’est un sport de contact, donc forcément exposé», abonde Alain Rochat, également passé par le club 12 fois champion de Suisse avant de rejoindre la chaîne payante.

Négligence et manque d’anticipation

Pour Chapuisat, la situation actuelle n’est que la conséquence d’une trop grande négligence de la Ligue: «Ce sont les principaux responsables. Dans le protocole sanitaire, ils ont fait une grave erreur en n’obligeant pas les clubs à tester leurs joueurs avant chaque match (en Super League, les joueurs ne sont pas testés sur une base régulière mais uniquement lorsqu’ils présentent des symptômes, ndlr). C’est ce qui se passe partout ailleurs, et il n’y a pas eu de souci. En Suisse, on a fait preuve d’une trop grande légèreté et on a été puni.»

L’ancien entraîneur et joueur du Lausanne-Sport déplore également un manque d’anticipation lié à la date de reprise des matches: «On aurait dû reprendre une semaine plus tôt, cela aurait permis d’être un peu plus flexible sur le calendrier. Là, il n’y a aucune marge de manœuvre et on en revient à prier pour que d’autres cas n’apparaissent pas.»

«Tant qu’à faire, j’irais jusqu’au bout. Les conséquences d’un nouvel arrêt seraient trop grandes pour les clubs.»

Alain Rochat

Alain Rochat, lui, se veut plus compréhensif. «La situation est inédite et extrêmement difficile à gérer, dit-il. Après coup, c’est très facile de juger. Ce n’est pas juste de jeter la pierre à la Ligue.»

Malgré les critiques qu’elle essuie et le pessimisme ambiant, la SFL est décidée à aller terme de la saison. Une position que soutient Rochat, par défaut: «Tant qu’à faire, j’irais jusqu’au bout. Les conséquences d’un nouvel arrêt seraient trop grandes pour les clubs.» Avis partagé par «Gabet» Chapuisat, moyennant des mesures sanitaires plus strictes. «La Ligue doit au minimum imposer des tests avant chaque match, préconise-t-il. J’imagine que cela leur coûterait cher, mais ils peuvent se le permettre!»

Dans ce contexte incertain, une chose est sûre: désormais, la SFL n’a plus le droit à l’erreur.

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