Formule 1: Entre Mercedes et Ferrari, c’est la guerre des mots

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Formule 1Entre Mercedes et Ferrari, c’est la guerre des mots

Cette saison, l’équipe allemande semble gagner la bataille sur la piste. Mais la Scuderia pourrait bien remporter le duel des coulisses

Luc Domenjoz
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Luc Domenjoz

Ironie du sort

Cette saison 2020 ne se présente pas très bien pour l’écurie Ferrari. Prise les mains dans la confiture en fin de saison dernière, la Scuderia a dû modifier son moteur V6 turbo en catastrophe pour le rendre compatible avec les précisions apportées par la Fédération Internationale de l’Automobile (la FIA) sur le règlement technique des moteurs.

Accusée de tricher sur le débit d’essence maximal autorisé, en injectant notamment du carburant supplémentaire «entre» les mesures prises par l’appareil de la FIA (des injections de quelques micro-secondes), Ferrari a dû revoir la structure de son moteur au cours de l’hiver. Ça n’était pas prévu, et le résultat accuse un déficit de puissance impressionnant par rapport au bloc Mercedes.

«Cette année, nous aurions vraiment eu besoin de travailler sur notre moteur en continu.»

Mattia Binotto, patron de Ferrari

Le pire, pour l’équipe de Maranello, c’est que le règlement moteur fige celui-ci jusqu’à fin 2021. Il n’autorise que deux changements, les écuries disposant de deux «jetons» pour effectuer des modifications précises. Comme les équipes devaient annoncer ces jetons jusqu'à mercredi dernier, le sort en est jeté pour Ferrari et ses deux équipes clientes (Haas et Alfa Romeo Sauber). «Nous comprenons que les jetons permettent de limiter le développement, et donc les dépenses, mais cette année, nous aurions vraiment eu besoin de travailler sur notre moteur en continu», regrette Mattia Binotto, le patron de Ferrari.

Une phrase qui fait bien rire Toto Wolff, qui dirige l’équipe Mercedes. «C’est Ferrari qui nous a poussé dans nos derniers retranchements l’an dernier, avec leur incroyable vitesse de pointe. C’est à cause d’eux que nous avons presque été en «burn out» pour les rattraper. Et maintenant, ils déplorent que notre moteur soit si efficace. C’est une sacrée ironie du sort.»

Désaccord sur l’accord

Toto Wolff, ce week-end, a sorti toute la mitraille contre Mattia Binotto. Vendredi, ce dernier expliquait que Ferrari était désormais en phase avec la proposition d’accord financier pour les années 2021 à 2026 (les fameux «Accords Concorde»), ajoutant que ce n’était pas le cas de certains (sous-entendu: pas le cas de Mercedes). Toto Wolff a bondi une nouvelle fois: «Il me semble que ces discussions devraient rester secrètes. Ceux qui émettent des commentaires sur la place publique sont ridicules.»

Toto Wolff, ici au centre.

Toto Wolff, ici au centre.

AFP

En fait, Mattia Binotto manoeuvre en coulisses pour essayer de faire passer des accords défavorables à Mercedes au niveau de la répartition financière. Et l’Autrichien, forcément, lui répond sèchement. Chez Ferrari, en tout cas, Mattia Binotto semble désormais contesté et pourrait être remplacé cette année encore par le patron des courses de grand tourisme, Antonella Coletta.

Un bras cassé efficace

Alors que les deux Haas étaient équipées des pneus pluie sur la grille de départ (Kevin Magnussen avait même chaussé des pneus pluie extrêmes), l’écurie a rappelé ses deux pilotes à la fin du tour de formation pour qu’ils prennent le départ en pneus lisses. «C’est un de nos stratèges qui a pris cette décision en quelques secondes, en voyant pendant le tour de formation que la piste était en train de s’assécher. On avait rien à perdre, après tout», explique Gunther Steiner, le patron de l’écurie Haas. Le stratège en question n’était pas au circuit, comme c’est normalement son cas, il était rentré en Angleterre après s’être cassé le bras en faisant du vélo en Autriche, après le Grand Prix de Styrie.

Kevin Magnussen en action.

Kevin Magnussen en action.

AFP

Le pari était risqué mais payant, puisque le Danois a longtemps occupé la troisième place avant de terminer neuvième et de marquer deux points. Sauf que les dirigeants de l’écurie ont été convoqués par les commissaires après la course: l’équipe avait violé l’article 27.1 et aidé ses deux pilotes pendant le tour de formation (en leur demandant de rentrer au stand par radio, ce qui est interdit pendant le tour de formation). Les deux Haas ont été condamnées à 10 secondes de pénalité, ajoutées à leur chrono après la course. Du coup, Kevin Magnussen a été rétrogradé de la neuvième à la dixième place. C’est tout de même un bon point de marqué pour l’écurie américaine.

Bottas trahi par son tableau de bord

Valtteri Bottas s’était qualifié en première ligne et comptait bien donner un peu de fil à retordre à Lewis Hamilton. Sauf que le Finlandais a totalement raté son départ: après s’être élancé trop tôt, il a dû freiner et a cassé son élan au moment précis où les feux rouges se sont éteints.

Valtteri Bottas.

Valtteri Bottas.

AFP

Résultat: il bouclait le premier tour en septième place et devait passer sa course à remonter les positions pour terminer sur la troisième marche du podium. «C’était une mauvaise course pour moi, commentait-il. Je ne sais pas ce qui s’est passé: j’ai réagi à une lumière qui s’est éteinte sur mon tableau de bord, une grosse erreur. Je ne sais pas ce que c’était, mais ça m’a coûté cher.»

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