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EconomieEntreprises: fusions et acquisitions en hausse

Fusions et acquisitions se sont multipliées ces derniers mois dans le monde. Mais une union entre mastodontes paraît peu probable en Suisse: les gros poissons en avaleront de plus petits.

Le président d'Holcim, Rolf Soiron (à gauche) serrant la main au futur CEO de Lafarge Holcim, Bruno Lafont en avril 2014.

Le président d'Holcim, Rolf Soiron (à gauche) serrant la main au futur CEO de Lafarge Holcim, Bruno Lafont en avril 2014.

Reuters

Nokia et Alcatel, Shell et BG Group, ou, plus proche de nous, Holcim et Lafarge: des mariages à plusieurs milliards et une tendance à la consolidation, qui devrait globalement se poursuivre.

Mais une union entre mastodontes paraît peu probable en Suisse: les gros poissons en avaleront de plus petits, essentiellement à l'étranger.

Fusions et acquisitions se sont multipliées ces derniers mois dans le monde. Un jeu de pouvoir dans lequel les géants helvétiques ne sont pas en reste, avec parmi les récentes grandes transactions, la fusion entre le cimentier saint-gallois Holcim et son homologue français Lafarge. Une tendance que les experts expliquent principalement par une hausse du marché des actions.

En Suisse par exemple, l'indice SMI, qui regroupe les vingt principales cotations, a gagné plus de 7% sur un an et près de 50% sur trois ans. La valeur du titre augmente et représente plus d'argent. Une aubaine pour les entreprises «qui utilisent souvent leurs actions comme monnaie d'échange pour financer ces transactions et se retrouvent avec un pouvoir d'achat plus élevé», relève Laurent Bakhtiari, analyste des marchés auprès de la banque genevoise IG.

Voisins devenus moins chers

Par ailleurs, depuis l'abolition du cours plancher de l'euro mi-janvier, le franc s'est renforcé de près de 15% face à la monnaie unique. «Les firmes européennes sont devenues abordables», ajoute Laurent Bakhtiari. Et donc des cibles intéressantes pour des sociétés suisses qui chercheraient à diversifier leur base de coûts.

En particulier les grandes entreprises: «elles disposent de beaucoup de liquidités et peuvent emprunter facilement. Qui plus est à des taux très bas aujourd'hui», estime Olivier P. Müller, expert en stratégie d'investissement chez Credit Suisse. Elles vont probablement poursuivre leurs petites acquisitions à l'étranger, grâce au franc fort.

A l'instar de Roche, qui a annoncé en janvier le rachat pour un peu plus d'un milliard de francs de Foundation Medecine, active en oncologie moléculaire et cotée à New York. Puis, quelques jours plus tard, le géant pharmaceutique bâlois a acquis la société biotechnologique française Trophos pour 460 millions.

«Des dépenses de quelques milliards par année ne représentent que 2% à 5% du chiffre d'affaires de ces géants», note Olivier P. Müller.

Les analystes du cabinet de conseil EY sont plus nuancés, estimant qu'il est encore trop tôt pour juger de l'effet du franc fort sur les fusions et acquisitions. Dans sa dernière étude, EY relève que le nombre d'opérations a fléchi de 13% au premier trimestre, par rapport aux trois derniers mois de 2014. A noter que l'année écoulée a enregistré un record historique de 420 transactions.

Pas de mariage du siècle en Suisse

Peu probable, en revanche, d'assister à un mariage entre deux poids lourds en Suisse, par exemple Roche avec son concurrent Novartis. Tous deux vendent des produits similaires sur les mêmes marchés, «je ne vois pas de synergies possibles», relève Olivier P. Müller. Fusionnés, leurs chiffres d'affaires ne dépasseraient probablement pas la somme de leurs revenus actuels.

Beaucoup trop risqué aussi. «Un tel rapprochement entraînerait une position clairement dominante et aurait peu de chances d'être validé par les autorités de la concurrence». Les entreprises perdraient tout l'argent investi dans l'élaboration du projet - frais de conseil, dépenses juridiques, etc.

L'échec en 2010 de la fusion entre Sunrise et Orange, devenu aujourd'hui Salt entre les mains de l'homme d'affaires français Xavier Niel, résonne encore. Pas de mariage du siècle en vue en Suisse, il faudra se contenter de petites alliances, ou d'unions extra-territoriales.

(ats)

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