Football: Et si l'absence de Neymar sublimait le PSG?

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FootballEt si l'absence de Neymar sublimait le PSG?

Neymar ratera le Real Madrid ce mardi soir (20h45). Et si, envers et contre toutes les apparences, c'était une bonne nouvelle pour les Parisiens?

Simon Meier
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Simon Meier
Neymar vient de subir une opération au pied au Brésil.

Neymar vient de subir une opération au pied au Brésil.

Reuters

L e «PSG made in Qatar» n'a jamais mis le romantisme au cœur de sa démarche. Tant mieux, car les Parisiens, plus que jamais, doivent prendre leurs distances avec Alphonse de Lamartine – «Un être vous manque…». Un «Ney» va bien sûr leur manquer, ce soir en huitième de finale retour de la Ligue des champions, avec deux buts à remonter face au Real Madrid. Mais le Parc des Princes sera surpeuplé, survolté par un slogan adéquat à défaut d'être romantique («Ensemble, on va le faire»). Et si, envers et contre l'évidence, la blessure de Neymar constituait une bonne nouvelle pour Paris?

L'absence du phénoménal brésilien (29 buts et 19 passes décisifs en 30 matches cette saison) ne va évidemment pas affaiblir l'immense Real Madrid, vainqueur 3-1 voici trois semaines en sa présence. Mais son forfait peut, selon des lois plus ou moins naturelles, pousser les onze types qu'alignera Unai Emery ce soir à se sublimer. Un peu comme dix joueurs peuvent, grâce à ce qu'on appelle le supplément d'âme, se démultiplier et compenser l'expulsion bête de leur coéquipier à la 32e.

Pierre Ménès doute

Pierre Ménès trouve cette idée «ahurissante». «C'est comme si on disait que l'équipe de Suisse de Coupe Davis est meilleure sans Federer. Autant je croyais assez à une qualification du PSG avec Neymar – la remontada du Barça, l'an passé, c'est lui –, autant là…» D'emblée, le consultant de Canal+ avait mis les choses au clair: «Parce que vous, si vous étiez supporter parisien, vous préféreriez aborder ce match avec ou sans Neymar?»

Implacable. Deux phrases plus loin pourtant, le monsieur livre peut-être la meilleure raison d'y croire pour les Parisiens: «On ne peut pas occulter le fait que le type qui va le remplacer (ndlr: Angel Di Maria) est le meilleur joueur du PSG en 2018; et qu'il n'a pas quitté le Real Madrid en très bons termes.»

Autrement dit: rarement un joueur de football aura eu autant de raisons d'être motivé que l'Argentin ce soir, d'autant qu'il avait été zappé au profit de Kylian Mbappé à l'aller. Pour rappel, Di Maria avait été le grand homme du triomphe parisien, voici un an lors du huitième aller face à Barcelone (4-0, deux buts d'El Fideo).

«C'est sûr qu'avec Di Maria le PSG ne jouera pas à dix, rigole Rolland Courbis, ex-entraîneur de l'OM notamment. Le foot est capricieux: de même que le PSG aurait pu être éliminé avec Neymar, il peut se qualifier sans. Reste que je l'aurais bien aligné quand même…»

Une révolte?

On y revient: un seul «Ney» vous manque et tout semble perdu. «L'une des réactions possibles à l'absence d'un leader, c'est l'explosion du groupe, qui se liquéfie», n'encourage pas Mattia Piffaretti, psychologue du sport, avant d'esquisser un scénario inverse. «On peut assister à une révolte, parce que les cartes sont redistribuées, un peu comme après un changement d'entraîneur. Il y a une forme de responsabilisation des viennent-ensuite, qui, après avoir été dans l'ombre, ont l'occasion de prendre la lumière. Il peut y avoir une solidarisation face à l'adversité, une cohésion plus élevée dans l'équipe. Oui, une absence peut permettre à un groupe de se sublimer… sauf si la peur l'emporte.»

Telle est peut-être la clé de ce PSG - Real – à moins que Cristiano Ronaldo n'en plante deux dans le premier quart d'heure.

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