TélévisionEt vous trouvez ça drôle?
Sur France 2, l'amuseur Nicolas Bedos est venu raconter qu'il a cocufié François Hollande, avant de démentir. Une bonne idée?
- par
- Jocelyn Rochat

«J'ai fait ça pour me moquer du buzz graveleux autour de cet épisode»...
Alessandra Sublet et Nicolas Bedos dans «Un soir à la tour Eiffel». La confession dure une dizaine de minutes. Invité par Alessandra Sublet dans sa nouvelle émission, «Un soir à la tour Eiffel», l'écrivain, acteur et trublion Nicolas Bedos est venu présenter son nouveau livre, «Les serments déchirés». On comprend au fil des questions qu'il est venu confesser une liaison de dix-sept mois avec Valérie Trierweiler, à l'époque où elle était encore compagne du président François Hollande. L'histoire d'une femme qui lui «envoie des regards d'orpheline. En deux heures, nous passons des injures aux griffures dans le dos.»
Une «grosse connerie»
Les détails se multiplient, avec, notamment, le récit d'un épisode à Berlin pendant un voyage présidentiel, avant que Bedos et Sublet ne révèlent, trente minutes plus tard, qu'il s'agit d'une «grosse connerie. (…) Je n'ai jamais eu d'aventure avec Valérie Trierweiler, pour une raison très profonde: ce n'est pas du tout mon genre physiquement.» A l'origine du projet, l'élégant humoriste a même rêvé de laisser planer le doute. «Je pensais ne rien dire le soir de la diffusion et attendre le lendemain pour rétablir la vérité, a-t-il expliqué dans «Closer», mais c'était impossible juridiquement. La production de l'émission a refusé.»
Hollande au téléphone
Même défloré, le canular n'est pas passé inaperçu. Nicolas Bedos aurait d'ailleurs reçu un coup de fil de François Hollande le lendemain matin (ce que l'Elysée dément). La réaction présidentielle aurait d'abord été assez virulente, a expliqué l'écrivain au «Figaro». «C'était une satire et ils en font une affaire d'Etat.» Pourtant, au fil de la discussion, l'atmosphère s'est détendue, jusqu'à devenir «très sympathique et drôle». Reste, désormais, à répondre aux innombrables questions que pose cet épisode incongru, très vite devenu la polémique de la semaine.
ET VOUS TROUVEZ ÇA DRÔLE?
OUINicolas Bedos dans le magazine «Closer»
Pourquoi ce canular? Qu'avez-vous voulu faire?
J'ai voulu répondre à ma façon à la peopolisation de la vie politique. J'ai eu cette idée deux jours avant le tournage. Je ne voulais pas faire deux heures d'émission juste pour entendre des choses gentilles sur moi. Alors j'ai eu cette idée, l'envie de me mettre en danger, qu'il se passe quelque chose d'inédit à la télé, et Alessandra Sublet m'a suivi.
Vous n'avez pas l'impression de tromper les gens?
Je n'étais pas très à l'aise pendant la séquence. Je sentais les regards dans le public. Des gens qui sont venus parce qu'ils m'aiment bien être catastrophés. Je n'ai pas fait ça pour le buzz, pour faire parler de moi, mais pour me moquer du buzz graveleux autour de cet épisode.
NONFrançois L'YVONNET, philosophe, dans «Figaro Vox»
Nicolas Bedos assure qu'il dénonce ce qu'il pratique…
Les humoristes doivent faire rire leurs concitoyens, dans les moments difficiles, douloureux. Toutefois, la tendance actuelle des comiques à s'installer dans le rôle de la conscience morale de l'époque me paraît inquiétante.
Pourquoi?
Ces discours ridicules sont caractéristiques de notre ère, ère du faux, du vide, et surtout de l'abolition généralisée de toute distinction. Rien ne sépare plus le rôle de l'humoriste de celui du politique ou du philosophe, par exemple. L'espèce humoriste connaît une évolution darwinienne: hier simple comique, aujourd'hui idéologue (Dieudonné), donneur de leçons (Bedos); nul ne doute que ces mutants disparaîtront à leur tour.