basketEuroligue - Avec le CSKA Moscou, la Russie prête à écraser l'Europe (MAGAZINE)
Par Alexandre FEDORETS MOSCOU, 08 mai 2013 (AFP) - Si le CSKA Moscou remporte l'Euroligue messieurs dimanche à Londres, le basket russe aura décroché les cinq titres européens mis en jeu cette saison, une performance jamais réalisée par aucun pays et due avant tout à son hégémonie financière.
C'est un peu une réminiscence de l'époque de l'URSS quand, dans les années 60 ou 70, les clubs soviétiques, avec l'apport des nations baltes, anéantissaient tout sur leur passage. Mais cela n'avait encore jamais atteint de telles proportions. En cas de succès du CSKA, en quête d'une septième victoire en C1 (1961, 1963, 1969, 1971, 2006, 2008) lors du Final Four de Londres, la Russie aura réussi un carton plein inédit. Chez les messieurs, le Lokomotiv Kuban, club de la ville de Krasnodar, a gagné cette année l'Eurocoupe - en succédant au palmarès au Khimki Moscou - et Samara s'est adjugé l'Eurochallenge. Du côté des dames, Ekaterinbourg a remporté sa deuxième Euroligue, se rapprochant un peu du Spartak Moscou, quadruple vainqueur entre 2007 et 2010. Enfin, le Dynamo Moscou a enlevé l'Eurocoupe, en succédant là encore à un autre club russe, le Dynamo Koursk. Le succès du basket russe est paradoxal dans le sens où ce sport est moins populaire aujourd'hui dans la jeunesse russe qu'il ne le fut après l'éclatement de l'URSS. Le basket avait alors attiré nombre de jeunes marqués par l'imaginaire occidental de la NBA. Plusieurs joueurs russes évoluent aujourd'hui en NBA, dont le plus connu Andrei Kirilenko, ou le nouveau venu Alexey Shved. Mais ce paradoxe n'est que relatif, car les succès du basket russe sont d'abord dictés par sa puissance financière. Avec ses 24 titres de champion d'URSS, et ses 20 titres de champion de Russie, le CSKA a de tout temps été le porte-étendard du basket russe, et un exemple pour les autres. Le club est actuellement détenu par l'une des plus grandes compagnies minières de Russie, Norilsk Nickel, qui l'inonde de ses roubles. En début de saison, le quotidien russe Sport Express estimait à 44 millions d'euros le budget du CSKA. Soit plus du double du budget de l'Olympiakos Le Pirée, qui l'avait battu en finale l'an passé et qu'il retrouvera vendredi en demi-finale, et 50 à 60% de plus que les budgets du FC Barcelone et du Real Madrid, les deux autres demi-finalistes. Le CSKA a ainsi pu attirer quelques-uns des tout meilleurs joueurs européens, comme les Serbes Milos Teodosic et Nenad Krstic. Mais il a aussi toujours veillé à conserver une ossature russe. L'an passé, il avait fait revenir Kirilenko pendant le lock-out en NBA, où il est depuis reparti. Et cette année, plus de 50% de l'effectif est russe. L'autre club russe engagé en Euroligue cette saison, le Khimki, basé dans la banlieue de Moscou, a atteint le Top 16 dès sa première participation. Il est la propriété d'une grande banque privée. Ekaterinbourg est soutenu financièrement par la compagnie minière UMMC appartenant au magnat russe d'origine ouzbek Iskander Makhmudov, classé 15e plus grosse fortune de Russie par le magazine Forbes en 2013. La meneuse française Céline Dumerc, qui a joué deux saisons (2009-2011) à Ekaterinbourg, a admis qu'elle y avait touché un salaire sept fois supérieur à celui qu'elle avait en France. Le club s'est ainsi offert rien moins que trois championnes olympiques américaines : Diana Taurasi, Candace Parker et Sue Bird. af-cyb/jde