Coupe au carré, puis asymétrique, boucles lâches ou très frisées, crâne rasé d'un côté et, trois jours après, crinière de lionne, Rihanna, 28?ans, semble avoir plusieurs têtes, au frais dans son armoire, qu'elle sort quand ça lui chante. En tout cas, il ne se passe pas un mois, sans qu'elle ait changé au moins trois fois de tête. Sans oublier les couleurs: du rouge sang à la rouille, du bleu au blond, du noir au brun… Comment fait-elle pour avoir encore des cheveux avec tout ce qu'elle leur inflige?

«Tout de la triche», répond Théo Sersoub, ambassadeur suisse pour Schwarzkopf et patron du salon de coiffure Devoted à Lausanne. Le coiffeur, qui s'occupe aussi du look des présentateurs à la télévision suisse alémanique sait de quoi il parle. «On peut tout faire: cela va des extensions à la perruque, à laquelle les stars ont beaucoup recours. Car les décolorations affinent les cheveux qui perdent de leur épaisseur. Regardez Madonna, par exemple: impossible qu'à son âge, elle ait une telle tignasse avec toutes les couleurs qu'elle fait. Car elle a passé du brun au blond depuis des années. Alors, pour créer du volume, on peut coller de vrais cheveux sur des petites tresses fixées sur la tête. C'est de l'illusion totale. Tout le monde fait ça à la télé.»

Du côté des salons Dessange Paris, on assure que les coiffeurs, maquilleurs et photographes attitrés de stars veillent à faire du sur-mesure pour que leurs employeurs soient satisfaits: «Ces spécialistes font appel à trois types d'artifices: le postiche, la couleur et l'extension. On les appelle des coiffeurs studio. Car les stars viennent souvent avec un visuel précis. Quand on voit la vitesse à laquelle Rihanna change de tête, elle doit souvent avoir recours à des perruques.» Bref les cheveux, c'est comme un déguisement qu'on louerait de temps à autre, pour interpréter un… rôle!

Or même si la diva du RnB a déclaré que la partie de son corps qu'elle préfère, ce sont ses fesses – «Je les adore et j'en prends grand soin!» dit-elle – Rihanna n'a de cesse de s'essayer à de nouvelles coiffures. Ses expériences capillaires dépasseraient largement la cinquantaine et provoquent à chaque fois un buzz médiatique.?

A ses débuts, quand elle entonne «Umbrella», le tube vendu à 8 millions d'exemplaires en 2007, on l'a souvent vue avec un carré asymétrique, coupé plus court derrière la nuque. Ses cheveux étaient alors noir ébène. Puis elle passera à une sorte de coupe au bol, couleur caramel. Ensuite, elle opte pour les mèches longues et bouclées, plutôt dans les rouges. Elle se veut romantico-érotique: «Je suis la Madonna black», crie-t-elle alors sur les toits. Ultérieurement elle répète partout que son modèle, c'est Beyoncé, la femme de Jay-Z, son mentor et producteur qui lui a fait signer son premier contrat.

Mais après avoir été tabassée par son petit ami, le chanteur Chris Brown, en février 2009, la chanteuse opère un changement. Il lui faudra du temps pour se remettre de ce choc émotionnel. Elle choisit un nouveau look vestimentaire davantage sexy-trash. En sous-vêtements sur scène, bardée de cuir, la chanteuse caribéenne adopte alors une coupe mutine courte, avant d'arborer une crinière rouge incendiaire. Certains prétendent que toutes ses expériences, ses joies et ses peines se lisent à travers son look. Elise Ricadat, psychologue clinicienne et psychanalyste, diagnostique, dans Be, que la vedette est victime de troubles capillaires compulsifs. «En allant chez le coiffeur, ce genre de stars veut trouver dans le regard des autres une réponse à son questionnement identitaire, révèle-t-elle. Le plus souvent, cette volonté de changer de tête traduit une image de soi pas assez stabilisée.»

Mais qu'en pensent les coiffeurs? «Tout faux, affirme Théo Sersoub. Pour gagner ma vie, j'ai des ciseaux, vous avez un ordinateur, et ces vedettes ont leurs cheveux: changer de tête et d'apparence, c'est uniquement commercial pour elles. A chaque nouvelle coupe, Rihanna fait la une dans les journaux ou sur le Net. On parle d'elle et c'est ce qu'elle veut. Elle n'a pas de problème d'identité, elle fait juste du business.» Pour faire la promo de «Battleship», sorti en salles le 11 avril, la pop star – qui fait là une incursion remarquée au cinéma – est apparue récemment avec une longue crinière blonde ondulée: un look de femme fatale à couper le souffle. Mais à Sydney, douze?jours plus tard, elle arborait un look gangsta, en leggings négligé, avec une mèche noire et un côté rasé… Décidément, on n'a pas fini de s'arracher les cheveux avec cette nana-là!