Balkans: Face au flux de migrants, la Slovénie fait appel à l'armée

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BalkansFace au flux de migrants, la Slovénie fait appel à l'armée

La Slovénie, petit pays de 2 millions d'habitants, a voté mercredi à l'aube pour donner de nouveaux pouvoirs à son armée.

Des migrants venant de Croatie progressent sous la surveillance de la police après être entrés en Slovénie.

Des migrants venant de Croatie progressent sous la surveillance de la police après être entrés en Slovénie.

Keystone

La Slovénie a donné de nouvelles compétences à son armée mercredi matin pour faire face à l'arrivée de milliers de migrants venus de Croatie. Elle a également demandé une aide financière supplémentaire à l'Union européenne.

Au cours d'une session extraordinaire qui s'est tenue à l'aube, le Parlement slovène a voté par 66 voix contre 5 une extension de la loi sur les compétences de l'armée prévoyant que les soldats aident la police sur les 670 kilomètres de la frontière bordant la Croatie et délimitant l'espace Schengen.

Armée et police

Par cette loi, les militaires slovènes sont autorisés à assister la police à patrouiller, gérer les migrants, les interpeller ou rediriger les civils en zones frontalières. Jusqu'ici, l'armée slovène n'était autorisée qu'à apporter un soutien technique et logistique aux forces de police.

Le gouvernement slovène, selon lequel près de 19'500 migrants sont entrés sur son territoire depuis samedi, en a appelé au soutien de l'UE qui peine depuis l'été à se mobiliser pour faire face à l'afflux de migrants.

«Dépassée»

Après la fermeture par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie, les migrants passent désormais par ce petit pays de deux millions d'habitants, frontalier de la Croatie, de l'Autriche, de la Hongrie et de l'Italie. «Le flux de migrants ces trois derniers jours dépasse toutes nos capacités», s'est alarmé le gouvernement mardi. Il n'excluait alors par d'ériger des barrières en dur le long de sa frontière sud-est en cas d'augmentation du nombre de migrants.

Le gouvernement de Ljubljana a aussi demandé une aide exceptionnelle de Bruxelles «pour équiper la police, pour des unités de police de la part d'autres pays membres et pour une assistance financière», a déclaré le premier ministre Miro Cerar à la presse en marge de la session parlementaire qui s'est tenue mardi soir. «Il est illusoire d'attendre d'un pays de deux millions d'habitants qu'il fasse cesser et règle une crise que des Etats membres plus grands sont incapables de résoudre», a expliqué le gouvernement. «C'est pourquoi la Slovénie appelle publiquement les Etats membres (de l'UE) et les institutions européennes à s'engager activement dans la prise en charge de ce fardeau», poursuit-il dans un communiqué.

Le commissaire européen aux migrations, le Grec Dimitris Avramopoulos, est attendu en Slovénie jeudi pour évoquer ces demandes.

Effet domino

La fermeture vendredi par la Hongrie de sa frontière avec la Croatie a déclenché un effet domino dans les Balkans. Des milliers de personnes se trouvant bloquées en divers points frontaliers de plusieurs pays.

Au moins 12'100 migrants se trouvent actuellement en Serbie, selon les chiffres fournis mardi par le Premier ministre Aleksandar Vucic. Selon le Haut Commissariat des nations unies pour les réfugiés (HCR) au moins 2500 migrants sont bloqués dans un no man's land entre la Serbie et la Croatie.

Le flot des migrants a tendance à s'accentuer. Selon le HCR, plus de 500'000 réfugiés et migrants économiques ont atteint la Grèce par la mer depuis le début de l'année, pour remonter vers l'Union européenne via la Macédoine. Le rythme quotidien de nouveaux arrivants est en augmentation, dépassant les 8000 pour la seule journée de lundi.

Afflux en Grèce

Un afflux massif de migrants et de réfugiés en provenance de Turquie a été constaté ces derniers jours en Grèce. Il témoigne de leurs craintes face à une éventuelle fermeture des frontières, ont indiqué mardi les Nations unies.

Avec les nouvelles arrivées relevées ces derniers jours, le seuil des 500'000 migrants et réfugiés arrivés en Grèce en 2015 est désormais franchi, a indiqué le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) à Genève.

(ats)

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