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Baston«Facebook doit livrer les noms»

Le cortège «Tanz dich frei» lancé samedi soir à Berne a dégénéré en violente émeute urbaine. Reto Nause, le municipal en charge de la Sécurité, pointe du doigt le réseau social.

Anne-Florence Pasquier
par
Anne-Florence Pasquier
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Marcel Bieri, Keystone
Marcel Bieri, Keystone
Peter Klaunzer, Keystone

«Nous sommes en colère et nous porterons notre colère ce soir dans la rue!» Tel est un extrait des propos scandés dans un discours de quatre minutes, publié vendredi dernier sur la page Facebook des instigateurs de «Tanz dich frei», une manifestation prévue samedi passé, censée inviter la population à se «libérer par la danse» et réclamer plus d'espace à la vie nocturne en ville de Berne. Sauf que derrière ces organisateurs se cache un mystérieux groupuscule du nom de «Revolutionäre Jugend Gruppe». Ces derniers avaient d'autres revendications à faire valoir.

Peu après le début du cortège, sur la vitrine du Starbucks, un graffiti rouge «fight capitalismus» annonçait la couleur. Les affrontements ont éclaté plus tard, quand des jeunes encagoulés et habillés en noir se sont séparés des quelque 13 000 participants, ont forcé les barrières de sécurité protégeant le Palais fédéral à l'aide d'un char de techno, puis attaqué les policiers à coups de feux d'artifice, de pierres, de pointeurs laser et de barrières. Les forces de l'ordre ont alors répliqué au gaz lacrymogène, canons à eau et balles en caoutchouc. Au total, 50 blessés, dont 21 policiers, et des dégâts se chiffrant à des centaines de milliers de francs.

Facebook n'a pas collaboré

Reto Nause, le municipal PDC bernois en charge de la Sécurité pointe du doigt Facebook: «Il y a deux mois, nous avions lu que sur cette page les organisateurs avaient fixé une date. Nous avons écrit à Facebook pour savoir qui était derrière cette page. L'entreprise n'a jamais répondu», explique-t-il.

Le conseiller municipal veut porter plainte contre le réseau social. «Facebook doit nous livrer les noms des organisateurs. Il y a là des dégâts, des blessés.» Cette manifestation n'avait pas été autorisée, mais tolérée par la Ville. Pourquoi ne pas l'avoir interdite? «L'année passée, la même manifestation s'est plus ou moins bien déroulée. Interdire tout cela aurait provoqué des dégâts plus importants», répond-il. Outre une éventuelle plainte, Reto Nause se demande si, «via le droit fédéral, on peut trouver une base légale qui puisse exiger de Facebook de collaborer avec les autorités. Berne n'est pas la première ville où une manifestation qui dégénère est organisée via Facebook, il y a aussi eu Zurich.»

Intouchable

Selon Sébastien Fanti, avocat spécialisé dans les nouvelles technologies et Internet, «théoriquement on peut attaquer le réseau social. Il est déjà arrivé en Suisse que Facebook soit attaqué et condamné. Toutefois, une telle décision n'a pas de portée dès lors que cette firme ne dispose pas de siège en Suisse.» D'après les conditions générales d'utilisation, toute plainte liée au réseau social ne peut être réglée que devant la justice américaine. «Au pénal, les Etats-Unis ne collaboreront pas à poursuivre un délit de ce type et il sera donc de facto impossible de déterminer qui a fauté», conclut l'avocat.

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