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Avalanches«Faites gaffe!» disent les pros

La situation est si critique que même les professionnels ne se risquent guère hors piste. Et la suite de la saison ne s'annonce pas plus sûre.

Laurent Grabet
par
Laurent Grabet
Pour ne pas se retrouver dans une telle situation, il faut bien étudier le bulletin d'avalanches et apprendre à savoir renoncer.

Pour ne pas se retrouver dans une telle situation, il faut bien étudier le bulletin d'avalanches et apprendre à savoir renoncer.

Lee Cohen/Corbis

Sept victimes en seulement cinq jours! La «mort blanche» ne cesse de frapper depuis le début de saison dans les Alpes suisses. A tel point que l'Association suisse des guides de montagne tient une conférence de presse de prévention ce matin. La faute d'une situation nivologique catastrophique, qui a malheureusement très peu de chances de s'améliorer avec le temps.

«C'est un peu comme s'il y avait des roulements à billes sous la couche de neige récente, vulgarise le spécialiste Robert Bolognesi. On risque des avalanches de plaque, souvent déclenchées par les skieurs eux-mêmes, et ce davantage encore sur les versants du secteur nord. Il faudra être attentif tout l'hiver!» A moins que, jusqu'en altitude, une période de froid ne succède à une période de chaleur idéalement pluvieuse. A ce moment-là, les «roulements à billes» retrouveraient une meilleure cohésion grâce au regel. Mais cette configuration est malheureusement très peu probable.

Ne pas chercher les ennuis inutiles

Les freeriders eux-mêmes, qui passent la majeure partie de leur temps dans les combes et couloirs enneigés, ne s'y trompent pas. Face à ce «début de saison hyperpiégeux», la Vaudoise Géraldine Fasnacht a même choisi de s'offrir quelques jours d'aventure loin de la neige, en Ethiopie! A Verbier, Dominique Perret ne quitte carrément pas les pistes balisées. «En dehors, je trouverais au mieux des cailloux et au pire des avalanches. Bref, ce serait chercher des ennuis inutiles. Le pire est que tout l'hiver sera délicat et frustrant, contrairement au précédent, qui fut idéal en termes de quantité de neige et de stabilité du manteau. Cette saison, il faudra être très prudent!»

Pas le fort des touristes lambda, qui ont peu de temps devant eux pour étancher une soif de poudre souvent peu raisonnable. D'autant qu'ils ne possèdent pas toujours les connaissances en adéquation avec pareille ambition! «Je leur conseille de bien analyser le bulletin d'avalanches avant de se lancer dans une pente, de se renseigner auprès de professionnels de la montagne ou même de se faire accompagner par un guide», insiste Xavier de Le Rue. Le quadruple vainqueur de l'Xtreme de Verbier, qui a survécu à une grosse avalanche du côté d'Orsières en 2008, a tout simplement préféré s'expatrier dans les Pyrénées en cette fin d'année. Là-bas, la situation est meilleure.

Savoir utiliser son matériel

Anne-Flore Marxer, quatrième meilleure snowboardeuse de tous les temps d'après un magazine spécialisé, a choisi de son côté de «se faire les cuisses» sur les pistes de Crans-Montana en ce début de saison. «Le hors-piste est hyperdangereux en ce moment. Il est plus intelligent de ne pas prendre de risque inconsidéré.» La jeune championne conseille à ceux qui s'y risqueraient malgré tout de le faire équipés du fameux trio pelle-sonde-détecteur de victime d'avalanche, mais aussi «de savoir s'en servir»! Elle recommande aussi le fameux sac ABS équipé d'airbags déclenchables par le skieur, censé le maintenir hors de l'avalanche.

Dominique Perret ne voit pas encore dans cette technologie la solution présentée par beaucoup comme miracle (lire encadré). «Tout au moins pas tant que son déclenchement ne se fait pas automatiquement une fois emporté par l'avalanche.» Le vétéran du freeride, qui a déjà été pris dans une grosse coulée, estime qu'en Suisse le niveau d'équipement est bien supérieur au niveau de connaissances. «Les gens feraient mieux d'investir dans une formation avant de s'acheter le sac dernier cri. Cette saison, il leur faudra savoir renoncer ou changer leur plan même si la poudreuse les appelle!»

7 morts en 5 jours!

Le sac avalanche pour s'en sortir?

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