Lorsqu'il a appris que ses dirigeants avaient engagé Fabio Coltorti début juillet dernier, Anthony Favre a forcément grimacé. Lui, le gardien qui avait été de tous les exploits lausannois au cours des deux saisons qui avaient précédé, se voyait relégué au rang de doublure officielle! «J'aurais pu partir, j'ai eu quelques touches, mais j'ai préféré privilégier mon club, dit-il aujourd'hui. Les dirigeants m'ont dit que ce serait du 50-50, mais au fond de moi, je ne me faisais pas d'illusions. Si on engage Coltorti, ce n'est pas pour le mettre sur le banc.»

Favre a donc fait contre mauvaise fortune, bon cœur. «Personnellement, je pense que j'aurais mérité de vivre cette aventure, puisque c'est avec moi que l'équipe était montée. Après, évidemment, on se fait une raison.»

A 27?ans, Anthony se voyait confronté au plus difficile challenge de sa carrière. Depuis le début de la saison, il n'a été appelé qu'à quatre reprises en championnat, à chaque fois parce que Coltorti s'était blessé.

L'ancien portier international s'étant déchiré les ligaments d'un doigt lundi au Stade de Suisse, revoilà Favre propulsé sur le devant de la scène. Avec un sentiment de revanche? «J'aurai pris une revanche si je réussis ces matches, nuance-t-il. Mais ce qui m'importe, c'est d'aider le club à assurer sa place en Super League. On est dans une bonne dynamique, enfin! On doit y rester.»

Favre sera donc titulaire dès demain, contre Thoune, et pour les deux ou trois matches suivants, «puisque Coltorti en a pour trois à quatre semaines». Et il se dit prêt: «Je ne vais quand même pas disputer mon premier match! J'ai vécu une finale de Coupe, dix matches de Coupe d'Europe, je crois que je peux me targuer d'une certaine expérience. J'ai effectué une excellente préparation hivernale, et je me sens bien. Maintenant, évidemment, je devrai retrouver certains repères que l'on n'acquiert qu'en accumulant les minutes en compétition.»

Tout au long de la saison, Favre s'est donc accroché à l'entraînement. «Si j'ai progressé cette année, ce n'est pas parce que j'étais au contact de Fabio, avec qui je m'entends plutôt bien, mais bien parce que je cherchais à montrer que j'étais le meilleur. Il y a eu des moments où je m'énervais plus que de coutume, en début de saison surtout, mais j'ai réussi à mettre ma frustration de côté.» Dès demain, Favre aura l'occasion de prouver à son entraîneur et à ses dirigeants qu'ils auraient dû lui faire confiance dès le début de la saison. Il ne ressent aucune pression particulière. «Disons que je pense un peu plus au match à venir que lorsque je sais que je vais devoir me contenter d'un rôle de remplaçant. Surtout, je me réjouis de retrouver ma cage.»

Les gardiens sont bien les seuls êtres vivants à se réjouir d'être en cage.