«Federer: la force aux Ours». Ainsi sonnait le titre du «Matin» au surlendemain de l'acte numéro 3 de la finale entre Berne et GE Servette, en 2010. Par l'intermédiaire de son attaquant Ivo Rüthemann, un ami proche de Severin Lüthi (capitaine de l'équipe de Suisse de Coupe Davis), le SCB était parvenu à organiser une visite du tennisman bâlois au cœur du vestiaire. Des mots et des gestes d'encouragements y avaient été disséminés.

Par hasard, Chris McSorley l'avait aussi croisé, en fin de soirée. «J'ai été surpris par sa poignée de main et le fait qu'il me connaisse, ainsi que le hockey en général, même s'il préfère le FC Bâle au SCB», avait raconté le coach des Aigles, honoré.

Quelques semaines plus tard, trois joueurs de Berne (Rüthemann, Josi et Bührer) s'étaient à leur tour déplacés à Londres pour voir jouer Federer à Wimbledon – gage d'admiration, symbole d'une amitié entre sportifs.

Mais aujourd'hui, anecdote cocasse, c'est le rival historique des Ours qui souhaite accueillir le numéro 3 mondial dans son vestiaire. «Ah, bon, je ne suis pas au courant, c'est sûrement une petite surprise que Hans Kossmann essaie d'arranger», sourit l'attaquant Julien Sprunger.

«Nous avons pris quelques contacts en espérant que son agenda lui permette de passer quelques minutes», admet Hans Kossmann. Le projet du club fribourgeois? Convaincre le Bâlois d'effectuer une visite de courtoisie juste avant le week-end de Coupe Davis qui se tiendra à Fribourg, du 10 au 12 février.

Sa défaite d'hier contre Rafael Nadal en demi-finale de l'Open d'Australie ne ronge pas l'admiration que lui vouent plusieurs joueurs. Entre autres, Julien Sprunger et Michael Ngoy ont obtenu les sésames qui leur permettront d'assister à ces matches contre les Etats-Unis.

S'il acceptait l'invitation de FR Gottéron, Roger Federer retrouverait chez les Dragons quelques visages connus. Hans Kossmann, Simon Gamache et Christian Dubé, notamment, évoluaient à Berne durant la finale de 2010.

Les deux joueurs avaient tenu à se faire prendre en photo à ses côtés. «Il est un modèle pour tout le monde, avait témoigné Dubé. En le voyant, on peut rire des petites personnes qui se prennent pour ce qu'elles ne sont pas.»

Tenir un discours de motivation aux joueurs fribourgeois, à quelques jours seulement de l'aube des play-off, reviendrait pour le tennisman à renier un peu de son amour pour le SCB.

Les derbies des Zähringen ont toujours représenté des chocs délicats en raison de la haine que se vouent les fans des deux camps. Lors du dernier duel, des jets de gobelets remplis d'urine avaient traduit ce désamour. Et par le passé, les débordements avaient été tels que le président de FR Gottéron, Laurent Haymoz, avait même songé à interdire les partisans bernois d'entrée à la patinoire.

Roger Federer aura peut-être l'occasion (s'il en a le temps) de prouver que le sport pur dépasse ce type de rivalités.