Tabou«Fermons ce parc aux ours»
Un politicien bernois s'attaque à un symbole de la capitale: le parc qui a remplacé la fosse. Les réactions sont vives.
- par
- Vincent Donzé

Ce qui irrite Luzius Theiler, c'est que le parc est une nature bétonnée doublée d'un gouffre financier.
Six ans après son ouverture, le parc qui a remplacé la fosse aux ours de Berne doit subir une rénovation, des traces d'érosion ayant été décelées sur le mur d'enceinte. Pour ne pas subir le bruit et la poussière du chantier, ses trois pensionnaires passeront l'été au Juraparc vaudois. C'est là qu'intervient le conseiller de ville (législatif) d'extrême gauche Luzius Theiler (74 ans). «Rendons leurs vacances à Vallorbe définitives», suggère-t-il.
Ce qui irrite Luzius Theiler, c'est que le parc est une nature bétonnée doublée d'un gouffre financier à 24 millions: «C'est cher pour une prison, même prestigieuse, quand les petites gens n'ont rien.» Mais le succès populaire est au rendez-vous, avec 2 millions de visiteurs par an.
Selon le conseiller municipal Reto Nause, le Parc aux ours est le site bernois le plus visité avec la tour de l'Horloge: «Avec sa vue imprenable sur la vieille ville, ce parc mérite les millions investis. L'ours, c'est l'emblème de notre drapeau.» Un argument contesté par Luzius Theiler: «Ce n'est pas le parc qui fait venir les touristes, mais, comme leur car s'arrête là, ils y jettent un coup d'œil.» Hier, à midi, l'ourse «Björk» est sortie de sa grotte comme pour saluer Luzius Theiler. Des exclamations ont retenti en chinois et en hollandais, tandis qu'une guide a froncé les sourcils en voyant Luzius Theiler: «Que faites-vous ici?» Une visiteuse quotidienne s'est montrée tout aussi hargneuse: «Vous êtes à côté de la plaque: nous adorons notre parc.»
Thomas Fuchs, le plus patriotique des conseillers de ville, contestera la motion de Luzius Theiler, dont l'urgence a été débattue hier soir: «Son combat, c'est de s'opposer à tout ce qui est commercial, mais le Parc aux ours est à Berne ce que le jet d'eau est à Genève», résume-t-il.
L'agrandissement prévu du parc de 6000 m2 apparaît logique aux yeux de l'élu UDC. Ce projet est censé favoriser la reproduction après l'échec du regroupement familial entre les parents «Finn» et «Björk» et leurs filles «Ursina» et «Berna», cette dernière ayant été déplacée en Bulgarie par manque de place.