Formule 1Ferrari: c'est la cata!
A Interlagos, les deux monoplaces de la Scuderia se sont accrochées et se sont auto-éliminées alors qu'elles auraient pu terminer toutes deux sur le podium.
- par
- Luc Domenjoz ,
- Sao Paolo

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Ferrari en crise
66e tour: alors qu'il ne reste que cinq tours et moins de dix minutes de course, Charles Leclerc passe son équipier Sebastian Vettel au bout de la ligne droite des stands. Restant dans son sillage, l'Allemand déboîte dans la ligne droite suivante, avant de se rabattre petit à petit sur le Monégasque… au point que les deux Ferrari se touchent à plus de 300km/h et s'auto-éliminent.
Sur le moment, dans leur radio de bord, chacun des deux pilotes rejette la faute de l'accrochage sur son équipier, mais il semble pourtant que c'est bien Sebastian Vettel qui s'est progressivement rabattu sur Charles Leclerc au point de le toucher. Chez Ferrari, Mattia Binotto, le patron, essayait de banaliser l'événement juste après la course - comme il le fait à chaque boulette se produisant dans son écurie. «Je ne veux pas commenter la situation à chaud, lâchait-il avant de quitter le circuit d'Interlagos. Nous allons examiner la situation de retour à l'usine, avec la télémétrie. Il est dommage que ce genre de choses se produisent.»
Le Lausannois ne regrette toutefois pas le manque de consignes à ses pilotes: «On a essayé de donner des consignes en début d'année, ça n'allait pas. Après, on a essayé de gérer, ça n'allait pas non plus. Là, le titre des constructeurs est joué, ils peuvent courir comme ils le souhaitent, et voilà le résultat…» Constant d'impuissance?
Avant cet auto-goal, les Ferrari roulaient devant Pierre Gasly. Les deux monoplaces auraient donc probablement terminé sur le podium si elles ne s'étaient pas éliminées! Charles Leclerc, de retour dans le paddock, tentait de minimiser la gravité de l'incident: «Quand j'ai passé Seb, j'étais bien conscient qu'il allait tenter de me repasser par l'extérieur dans la ligne droite. Il y est allé, je lui ai laissé de la place, mais il s'est rabattu et on s'est touché. C'est vraiment dommage. Bon, c'est le sport automobile, je ne pense pas que ma relation avec Seb ait atteint pour autant un point de non-retour. On va essayer de remettre les compteurs à zéro avant la prochaine course et aller de l'avant.»
A noter qu'après l'arrivée, les commissaires du Grand Prix du Brésil se sont penchés sur l'accrochage entre les deux Ferrari. Pour conclure qu'il s'agissait d'un incident évitable mais ne méritant aucune sanction. La Scuderia avait déjà été suffisamment punie par l'abandon de ses deux monoplaces…
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Mercedes en vente?
La rumeur n'a fait qu'enfler dans le paddock du circuit d'Interlagos: l'écurie championne du monde, Mercedes, pourrait décider de ne pas signer les nouveaux contrats qui régiront la F1 à partir de 2021.
Le groupe Daimler connait de mauvais résultats financiers, et son nouveau patron, Ola Källenius, serait moins disposé à dépenser autant que son prédécesseur pour la Formule 1. Le groupe Daimler doit en effet se lancer dans une cure d'amaigrissement, le «régime fitness», consistant à trouver des économies de 1,65 milliard d'euros par an. Si l'équipe de F1 devait faire les frais de cette cure, elle pourrait être vendue au plus offrant - on parle d'un milliardaire russe qui pourrait être intéressé. Six fois championne du monde d'affilée, l'écurie se pose sans doute comme un excellent investissement pour celui qui en a l'envie et les moyens.
Mais si Mercedes disparaît, si Renault décide d'arrêter la F1, si Gene Haas opte pour l'arrêt des frais, si Dietrich Mateschitz, le patron de Red Bull, se dit que la F1 n'en vaut plus la peine, si la famille Rausing, propriétaire de l'équipe Alfa Roméo, tire un trait sur la F1, si Williams part en faillite comme il devient de plus en plus probable, si Laurence Stroll, le propriétaire de Racing Point, en a marre de dépenser ses millions… la F1 pourrait bien connaître une crise incroyable, une crise qui mettrait en péril sa survie même. Et sans doute la plus mauvaise passe de son existence. Car il ne resterait alors plus que… deux écuries, Ferrari et McLaren, qui continueront quoi qu'il advienne, la Formule 1 faisant partie de leur ADN - leurs ressources financières ne dépendant ni de la manne d'un seul milliardaire, ni d'une grande marque automobile toujours susceptible de revoir sa stratégie.
La F1 ne survivrait pas à une telle crise. Il ne faut pas crier avant d'avoir mal, mais à force de coûter trop cher, à force de continuer de danser alors que le bateau coule, il serait temps que les dirigeants de la discipline et des équipes deviennent raisonnables et trouvent des solutions viables à une F1 qui vit largement au-dessus de ses moyens. Une saison de Formule 2 coûte 100 fois moins cher qu'une saison de F1 pour un spectacle plus animé et des monoplaces qui vont à peine moins vite sur la piste. Cherchez l'erreur…