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footFifa - Un Comité exécutif de crise, dans l'ombre de Blatter et Platini (PAPIER GENERAL-ACTUALISATION)

Par Keyvan NARAGHI

Zurich, 20 oct 2015 (AFP) - Absents, mais omniprésents: Michel Platini et Joseph Blatter ne sont pas à Zurich ce mardi pour le comité exécutif extraordinaire de la Fifa, le premier depuis leur suspension, mais leur devenir et celui de l'élection présidentielle le 26 février sera sur toutes les lèvres.

Cette séance de travail du gouvernement du foot mondial, qui a débuté vers 09h00 locales (07h00 GMT), a suscité un gros engouement médiatique avec une centaine de journalistes internationaux présents au siège de l'instance à Zurich, a constaté l'AFP.

Cette réunion d'urgence a été décidée le 9 octobre au lendemain du énième séisme qui a secoué la Fédération internationale avec la suspension pour 90 jours de Blatter, président démissionnaire de la Fifa, et de Platini, président de l'UEFA et jusque-là grandissime favori à la succession du Suisse, à la tête de l'instance mondiale depuis 1998. La cause? Un versement controversé de 1,8 million d'euros du premier au second en 2011, pour lequel Platini a reconnu lundi dans un entretien au Monde qu'il n'y avait pas de contrat écrit.

Ce comité marque un tournant majeur: c'est "le premier comité exécutif sans ma présence depuis 40 ans", a expliqué Sepp Blatter, entré à la Fifa en 1975, vendredi à la Radio RROTV. Les absences forcées de Blatter et Platini, les deux poids lourds du football mondial, est en soi un événement d'ampleur qui symbolise à lui seul la crise sans précédent touchant l'institution.

Il n'y a cependant pas de révolution à attendre de ce CE qui sera dirigé par le Camerounais Issa Hayatou, président par intérim de la Fifa, et au cours duquel seront dévoilées les premières recommandations de la commission des réformes censée restaurer la crédibilité d'une institution sérieusement malmenée ces derniers mois. Plusieurs pistes sont possibles: limitation du cumul des mandats du président (proposition rejetée par la Fifa en 2014) ou une transparence accrue sur les rémunérations des dirigeants.

Même si rien n'empêche la question d'être abordée, le report de l'élection présidentielle ne figure ainsi pas à l'ordre du jour, une unanimité semblant se dégager pour son maintien à la date prévue, le 26 février.

L'UEFA a estimé jeudi qu'elle ne devait pas être reportée. Le prince jordanien Ali, l'un des deux candidats officiellement déclarés (avec Michel Platini), a aussi plaidé en ce sens, pour ne pas générer d'"instabilité". "Je ne crois pas que ce congrès (électif) sera repoussé", a également jugé Blatter vendredi.

C'est surtout en coulisses que les débats et les tractations seront les plus nourris. Le CE sera en effet l'occasion pour l'UEFA de sonder les autres Confédérations et de voir si un "plan B" est possible au cas où les affaires tourneraient définitivement mal pour Platini. Les Européens pourraient alors soutenir un candidat issu d'une autre Confédération ou faire émerger un autre Européen.

Si le patron du football asiatique, le Cheikh bahreini Salman ben Ibrahim al Khalifa, se lance dans la bataille, les cartes seront sans doute rebattues.

Le temps presse à 5 jours de la date-butoir pour le dépôt des candidatures (le 26 octobre) et les choses pourraient rapidement s'accélérer. La décision de la chambre de recours de la Fifa, saisie en appel par Platini et Blatter, pourrait intervenir cette semaine, selon une source proche du dossier interrogée vendredi par l'AFP.

Si la décision lui est défavorable, Platini a déjà déclaré vouloir saisir le Tribunal arbitral du sport (TAS) à Lausanne et l'UEFA a réclamé jeudi "une décision finale sur le fond au plus tard mi-novembre" pour que son patron puisse faire campagne s'il est finalement blanchi.

Mais les difficultés ne s'arrêteront pas là pour Platini. Le coup de grâce pourrait venir de la commission électorale de la Fifa qui doit valider, ou non, sa candidature. Or le panel chargé du volet intégrité des candidats est composé des mêmes personnes qui l'ont suspendu. Et on les voit mal se déjuger.

Ce climat délétère a été encore un peu plus alourdi par les soupçons de corruption autour de la désignation du pays-hôte du Mondial-2006, organisé par l'Allemagne. Le parquet de Francfort a décidé lundi de se pencher sur la procédure d'attribution.

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(AFP)

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