AgricultureFin des quotas laitiers dans l'UE dès le 1er avril
La libéralisation du marché du lait entre en vigueur mardi dans l'Union européenne. C'est la fin des contingents introduits en 1984.
- par
- cht

Le commissaire européen à l'agriculture Phil Hogan a rappelé jeudi 26 mars l'historique des quotas laitiers.
Malgré une manifestation de paysans il y a huit mois environ à Bruxelles, la libéralisation du marché du lait entrera en vigueur le 1er avril dans l'Union européenne (UE). Pour la première fois depuis 31 ans, les Européens pourront produire autant de lait qu'ils veulent.
Au moment de l'action de protestation, l'été dernier, les paysans avaient déposé sur la place du Luxembourg devant le Parlement européen une vache en plastique rouge avec une croix suisse dessinée sur le dos. Elle devait représenter la capitulation devant la libéralisation, la Suisse ayant déjà aboli les quotas laitiers en 2009.
Contingents depuis 1984
Après la seconde guerre mondiale, il fallait produire toujours plus de lait pour satisfaire la demande. Mais dès les années 1970, les cuves sont arrivées à saturation. En 1984, l'Europe a décidé d'introduire des contingents afin de réduire les montagnes de beurre et les lacs de lait, a expliqué jeudi à Bruxelles le commissaire européen à l'agriculture Phil Hogan.
Mais aujourd'hui, la demande pour le lait et les produits laitiers augmente à nouveau, notamment en Chine et en Afrique, a-t-il relevé. «Même avec les quotas, les exportations de produits laitiers de l'UE ont progressé de 45% en quantité et de 95% en valeur durant les cinq dernières années», écrit le commissaire européen.
Produits à valeur ajoutée
La fin des contingents arrive au bon moment, estime-il. «Si le secteur du lait renforce ses filières de produits à valeur ajoutée et d'ingrédients pour les aliments fonctionnels, il peut devenir un moteur pour l'économie de l'UE». M. Hogan pense notamment au fromage, au yaourt et au lactose, qui est mélangé aux boissons pour sportifs.
Il concède toutefois que la fin des contingents laitiers représente un «défi» pour les paysans, car ils devront vivre «avec la volatilité des marchés». C'est pourquoi Bruxelles met à leur disposition différents instruments d'aide, notamment lorsqu'ils subissent de trop grandes fluctuations de prix.
Le commissaire ne s'attend pas une surabondance de lait malgré l'abandon des quotas. En 2014, la production a augmenté de 5,5% dans l'UE, mais «les prix ont bien résisté». On peut «regarder avec optimisme» l'avenir au-delà du 31 mars, clame le commissaire.
Baisse du prix en Suisse
Les paysans européens sont cependant loin de partager cet optimisme. L'organisation européenne des producteurs de lait (EMB- European Milk Board) a appelé à mener une action mardi. Les paysans suisses ont été invités à y participer, la situation en Suisse étant redoutée dans les milieux laitiers européens.
Depuis la libéralisation du marché en Suisse, la quantité de lait a en effet augmenté, alors que les prix ont diminué. Selon Sandra Helfenstein, de l'union suisse des paysans, «aucun système judicieux permettant de maintenir l'offre et la demande à l'équilibre n'a été trouvé pour remplacer les contingents».
Ainsi, de nombreux paysans touchent aujourd'hui seulement 50 centimes pour le lait destiné à la fabrication du beurre, ce qui ne permet pas de couvrir les frais de production, explique Mme Helfenstein. L'union suisse des paysans prévoit les mêmes problèmes pour l'UE que pour la Suisse.