NeuchâtelFormidable élan pour Olna, Orca, et Ulysse, trois chats mutilés
L’association «Chatdicap» a rapatrié de Tunis aux Brenets deux chattes aux yeux crevés et un matou sur trois pattes. Récit.

- par
- Vincent Donzé
Des chats estropiés, Céline Roulin en soigne une cinquantaine dans son refuge spécialisé «Chatdicap», aux Brenets (NE). C’est tout naturellement que son cœur a fondu quand chez une consœur tunisienne, par écran interposé, elle a vu Olna et Orca, deux chattes errantes aux yeux crevés, puis énucléés par un vétérinaire.
«Les faire adopter dans leur pays, c’était mission impossible par manque de moyens», s’est dit Céline, qui a accepté la requête de l’association «Alvia, la voix des animaux», même si elle a assez à faire sur sol helvétique. L’organisation du voyage s’est révélée si compliquée que Céline en a fait profiter un troisième chat haret, Ulysse, avec sa patte et sa cuisse amputées.
Anges du rail
Comme des chats ne peuvent pas voyager seuls, une chaîne de solidarité s’est nouée via le collectif «Les Anges du rail», qui réalise du «cowagonnage» au service de la cause animale. Après un vol Tunis-Paris accompagné par parrainage, impossible à poursuivre la route le même jour, en raison d’un couvre-feu à 18 heures.
Le lendemain, le voyage s’est poursuivi par étapes, de quai en quai. Céline Roulin n’étant pas autorisée à dépasser la frontière de plus de 30 kilomètres, pandémie oblige, elle n’est pas allée au-delà de Morteau, le 22 février dernier. «Le dernier relais a été effectué en tram par un mécanicien de la SNCF qui allait faire son tour de garde», remercie Céline.
Sur le quai
Lorsqu’on lui a remis les trois cages, les employés de la SNCF présents sur le quai ont applaudi, comme l’a relevé «Arcinfo». Arrivé aux Brenets sous le soleil, déboussolé par le transport, le trio tunisien s’est vite adapté à son nouvel environnement, avec de la nourriture en suffisance. La vie en groupe, ils connaissaient.
Aveugles, Olna et Orca se déplacent en usant de leur flair et de leurs moustaches. «Elles se sentent comme à la maison!» se réjouit Céline. Cette protectrice des animaux sait qu’en Tunisie, les chats harets sont frappés, mutilés, empoisonnés, mais elle accepte que la misère humaine place l’homme avant l’animal
Fesses en bas
«Ce n’est pas de l’acharnement thérapeutique: depuis qu’ils vivent confortablement, ces chats très amochés sont heureux!» lance Céline Roulin. Olna et Orca reniflent les jouets, évaluent l’espace avec les moustaches, font leurs besoins dans une caisse, grimpent aux arbres à chats et en redescendent, mais pas tête en avant comme les autres: «Les fesses en bas, comme des singes!» rigole Céline, qui préfère le mot «différence» à «handicap».
«Ulysse, avec sa démarche particulière, on dirait une gazelle! Il est voleur, mais comme dans un sketch, en sortant des emballages de la poubelle», s’amuse l’amie des chats, félicitée sur le profil Facebook de son association «Chatdicap».