MétéoFortes chutes de neige: une tension anxiogène monte en Valais
Après une semaine de précipitations quasi-continues, le canton est à l’affût des avalanches et se souvient de 1999.

- par
- Eric Felley

Ambiance particulière dans la région d’Evolène aujourd’hui, où les habitants craignent de revivre les événements de 1999 lors d’un phénomène météorologique similaire.
«Pour une fois depuis un an, c’est le temps qui est anxiogène…» Du côté d’Evolène (VS), les habitants font part sur Facebook de leurs inquiétudes face aux abondantes chutes de neige qui ont recouvert leur village depuis le début de la semaine. C’est ici, en février 1999, que des avalanches avaient causé la mort de douze personnes. Aujourd’hui, au fur et à mesure que les flocons s’accumulent sur les toits, l’atmosphère devient pesante.
Le patron de Meteorisk, le nivologue Robert Bolognesi, précise que l’on assiste au même phénomène qu’en 1999: «Nous subissons des vagues de précipitations qui viennent de l’Atlantique avec les Alpes qui font barrage. Mais, pour l’instant, les chutes sont un peu moins importantes qu’alors, et le manteau neigeux est un peu moins fragile. Comme la limite pluie-neige oscille autour de 2000 mètres, en dessous le risque est moins grand pour les villages ou pour les routes».
Du côté de Chamoson, son confrère météorologue Daniel Masotti relève également que l’on n’a pas atteint encore le niveau des précipitations de 1999: «D’après les mesures à ma disposition, il y avait environ trois mètres de neige cumulée à l’époque. On est encore à 1,2 mètre en dessous». Mais à d’autres endroits, en fonction du vent, les maximums enregistrés sont en passe d’être atteints, comme au Grand Cor sur Collonges (VS) avec 319 cm pour un maximum de 354 cm. Les choses peuvent encore évoluer. : «Je ne suis pas très optimiste. Si dimanche il est prévu une accalmie, nos modèles font apparaître une poursuite des chutes de neige importantes lundi et mardi en tout cas, soit environ 20 cm par jour. À cause du redoux, il faut craindre aussi des glissements de terrain entre la plaine et une altitude de 1300 mètres environ.»
La poursuite des fronts la semaine prochaine
Pour Robert Bolognesi aussi, cet épisode n’est pas terminé: «Les fronts qui viennent de l’Atlantique vont se poursuivre. En altitude cela va continuer à grossir le manteau neigeux déjà bien épais. Dans la vallée de Conches par exemple, il est tombé deux mètres de neige en quelques jours. S’il en tombe encore 50 centimètres, cela va augmenter les risques. Les grandes avalanches qui partent en haute altitude peuvent arriver près des villages, comme à Zermatt par exemple.»
Ne pas aller skier ce week-end!
La journée de dimanche est annoncée avec du soleil. Même si cela va solidifier un peu le manteau neigeux, la situation ne plaît guère à Roberto Bolognesi: «Il faut absolument que les skieurs n’en profitent pas pour prendre des risques. Il vaut mieux s’abstenir d’aller skier, d’autant plus que la neige en dessous de 2000 mètres est lourde et pas agréable. Et au-dessus, si les gens vont skier, il y aura des accidents, c’est certain».
La police valaisanne met en garde
Du côté des autorités valaisannes, la prudence est de mise. La police cantonale a communiqué jeudi soir: «Le Canton du Valais a enregistré d’importantes chutes de neige ces derniers jours et d’autres sont encore attendues jusqu’en fin de semaine. La situation reste sérieuse sur l’ensemble du canton et l’avis de prudence est maintenu. Le danger d’avalanche reste fort. La population est appelée à limiter ses déplacements, à respecter les signalisations et à ne surtout pas s’approcher des couloirs à avalanches. Même si celles-ci se sont déjà déclenchées, d’autres pourraient suivre et surprendre les personnes qui s’y trouveraient. De même, les sorties hors-pistes sont à éviter jusqu’à nouvel avis».
Orsières évacue certaines zones
Du côté d’Orsières, la commune va évacuer aujourd’hui dès 14 heures des bâtiments situés en zones bleu et rouge de danger avalanches sur le Plateau l’A Neuvaz à La Fouly, le hameau des Granges et le village de Ferret, en raison du risque d’avalanches.