Des centaines de milliers de personnes, 800'000 selon les organisateurs mais 340'000 selon la police, ont défilé dimanche à Paris contre le projet de loi sur le mariage homosexuel. Le président de l'UMP a fustigé la politique de François Hollande. Le projet de loi doit être débattu devant le parlement le 29 janvier.

Les trois cortèges sont partis de la place d'Italie, de la porte Maillot et de Denfert-Rochereau pour rallier le Champ-de-Mars, sous les slogans «Tous nés d'un homme et d'une femme», ou encore «Mariage gay: la loi prive l'enfant d'une mère ou d'un père». De tous âges, les manifestants ont défilé souvent en famille.

Pour la ministre française des affaires sociales, Marisol Touraine, il y a eu «sans doute moins de manifestants dans la rue que ne l'espéraient les organisateurs». Le chiffre de 340'000 manifestants a d'ailleurs été articulé par la préfecture de police de Paris.

La présidence de la République a immédiatement réagi en reconnaissant une manifestation «consistante» mais qui «n'empêchera pas le débat au parlement».

«François, ta loi on n'en veut pas», ont scandé les manifestants, agitant une multitude de drapeaux blancs sur lesquels étaient peints en rose un homme, une femme et un enfant. «Un père, une mère, c'est élémentaire», chantaient d'autres, soucieux de maintenir une atmosphère paisible en lâchant des ballons.

«La manif sera réussie quand le président (Hollande) nous recevra», a commenté Frigide Barjot, l'une des porte-parole du mouvement contre le projet de loi. Elle s'est toutefois montrée embarrassée par le dérapage d'un autre porte-parole du mouvement, Xavier Bongibault, qui a fait un parallèle entre Hollande et Hitler.

«Dire que tous les homos ont pour seul instinct sexuel leur orientation sexuelle, c'est la ligne qui était défendue par un homme que l'Allemagne a bien connu à partir de 1933 et c'est la ligne que François Hollande défend aujourd'hui», a-t-il dit.

La ministre de la justice, Christiane Taubira, a pour sa part réaffirmé que le gouvernement maintiendrait son projet, quelle que soit l'ampleur de la mobilisation, excluant un référendum réclamé par une partie des opposants et par 115 parlementaires dans un appel solennel.

«Cette manifestation a valeur de test pour François Hollande parce que là, on voit très clairement qu'il y a en France des millions de Français qui sont probablement préoccupés par cette réforme», a déclaré Jean-François Copé, le patron de l'UMP, présent dans l'un des trois cortèges. Plusieurs centaines d'élus ceints de leur écharpe tricolore lui emboîtaient le pas.

«Ce Parlement a décidé de changer le sens du mot mariage. C'est d'une grande violence pour le peuple que de changer le sens d'un mot», a pour sa part renchéri l'archevêque de Lyon, Mgr Philippe Barbarin, présent dans les rues en compagnie d'une dizaine d'évêques, quand bien même l'épiscopat français n'était pas à l'origine de cette manifestation.

La présidente du Front national Marine Le Pen a, elle, choisi de ne pas manifester mais une délégation composée de nombreux responsables de son parti a cependant défilé.

Les organisateurs entendent continuer à faire pression sur le gouvernement alors que le parlement doit examiner à partir du 29 janvier prochain le projet de loi sur l'ouverture du mariage et de l'adoption au couple homosexuel. Cette loi traduit une promesse de campagne de François Hollande pour légaliser le mariage homosexuel comme dans d'autres pays (Espagne, Portugal, Pays-Bas...).

Le collectif à l'origine de la mobilisation de dimanche demande au chef de l'Etat d'arrêter le processus parlementaire et de revoir le texte en remplaçant le mariage homosexuel par une union civile.

Selon un récent sondage, une majorité de Français, 56%, sont favorables au mariage gay, mais seuls 50% soutiennent l'ouverture de l'adoption pour les homosexuels.

Les pro-mariage gay descendront à leur tour dans la rue le 27 janvier.