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footFrance - Griezmann, les promesses ne peuvent être éternelles (MAGAZINE)

Par Nicolas PRATVIEL Paris, 27 mars 2015 (AFP) - Comme très souvent lorsqu'il est titularisé en équipe de France, et à l'inverse de son essor à l'Atletico Madrid, Antoine Griezmann a raté son match face au Brésil (1-3), une mauvaise habitude à vite corriger sous peine de redevenir remplaçant.

Doué, Griezmann l'est, c'est entendu; prometteur, aussi, cela va de soi. Mais vient un stade dans l'évolution d'un joueur de 24 ans - pas vraiment un perdreau de l'année donc - où le palier de la confirmation doit être franchi à force de confiance placée en lui. Une confiance que Didier Deschamps lui a renouvelée face à la Seleçao, en l'alignant d'entrée pour la neuvième fois en désormais quinze sélections. Mais ce choix n'a, encore une fois, pas été payant, comme face à l'Equateur et l'Allemagne au Mondial-2014, comme contre l'Espagne et la Suède lors des matches amicaux de l'automne. Certes, le timing était particulier pour Griezmann, entre digestion et préparation de nombreux matches à enjeux avec l'Atletico Madrid. Mais n'était-ce pas le cas pour la majorité des joueurs des deux pays sur la pelouse du Stade de France? Certes les Brésiliens, engagés dans une quête de rédemption d'ici la prochaine Coupe du monde, étaient bien plus mordants. Mais l'étaient-ils tant que ça pour que sa tendreté persistante confine à ce point à l'inhibition? Cette légèreté est susceptible de lasser le sélectionneur, qui n'avait déjà pas manqué de la pointer du doigt mercredi à la veille de la rencontre: "Antoine a parfois tendance à être un peu la tête... (levant les yeux au ciel avec un sourire, NDLR) Donc je vais lui mettre un petit peu... (faisant un geste de la main vers le bas, NDLR). Il continue sa progression, mais elle doit se voir aussi avec l'équipe de France." Le problème était donc déjà posé et Griezmann ne l'a donc toujours pas résolu. Pourtant, même si le haut niveau en club n'est pas tout à fait le haut niveau en sélection, son début d'année avec l'Atletico Madrid a démontré que le garçon avait des ressources et du caractère en s'imposant dans le onze-type après des débuts difficiles. Arrivé l'été dernier chez le champion d'Espagne, il a su convaincre l'exigeant Diego Simeone, lors de mois de janvier et de février tonitruants, notamment dans des rencontres au sommet comme ce 4-0 infligé au Real Madrid où il fut rayonnant et buteur. A présent décomplexé chez les "Colchoneros", en témoignent ses dribbles, ses percutantes prises d'initiative et son efficacité (14 buts cette saison), Griezmann doit l'être autant en Bleu et pas uniquement dans la peau du joker en entrant en cours de match. C'est ce que Deschamps attend de lui, et il n'est manifestement pas le seul. A l'issue du match, Karim Benzema, pour la première fois capitaine, a adressé une critique à peine voilée à son partenaire, qu'il avait pourtant adoubé au Mondial, jugeant qu'une réelle complicité technique pouvait découler de leur association. "Il n'y a pas eu assez de prises de risques. Pour marquer dans ce genre de matches, il faut être à fond de la première à la 95e minute", déplorait-il. Et le leader d'attaque des Bleus de s'estimer même victime d'un crime de Benz-majesté , en visant sans doute encore Griezmann, plus que Valbuena ou les milieux de terrain étouffés par la densité adverse: "C'est difficile pour moi parce que j'étais tout seul pour combiner quand j'ai touché la balle. Je n'ai pas perdu beaucoup de ballons, j'en ai donné des bons. J'ai eu deux occasions. Pour moi, ce n'est pas assez. J'ai été esseulé." Or d'ici l'Euro-2016, Benzema, qui a encore montré à ses dépens qu'il n'est pas un buteur tueur, a plus que jamais besoin d'être entouré. A Griezmann de saisir le message. nip/ybl/mam

(AFP)

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