InformatiqueFrançois Marthaler se lance dans «une petite révolution»
Grand défenseur des logiciels libres alors qu'il était au Conseil d'Etat vaudois, François Marthaler reconnaît qu'il joue «très gros». Il a créé la société «Why! open computing SA» et y met toutes ses économies.

François Marthaler reste vert et rêve déjà de «la bonne combine planétaire».
L'ancien conseiller d'Etat vaudois a mis toutes ses économies dans un projet informatique en forme de «petite révolution». Sa société propose des ordinateurs avec le logiciel libre Ubuntu préinstallé, le tout accompagné de guides de réparation et de pièces de rechange bon marché.
Grand défenseur des logiciels libres alors qu'il était au Conseil d'Etat, François Marthaler, 53 ans, persiste et signe. Après son départ du gouvernement le 30 juin 2012 et huit ans et demi passés à la tête du Département des infrastructures, l'écologiste admet qu'il a cherché un nouveau projet. Certains n'ont pas abouti, mais «restent au chaud», confie-t-il.
Esprit maintenu
Finalement, son ancienne passion a repris le dessus. «C'est un peu de la folie, mais on y arrivera», raconte-t-il dans son bureau situé à Prilly (VD) au-dessus de «La bonne combine», la coopérative qu'il avait dirigée depuis 1991 et qui cherche encore et toujours à réparer tout ce qui peut l'être.
Son idée est née d'une expérience personnelle. Lorsqu'il a voulu s'affranchir des systèmes d'exploitation propriétaires comme Windows, il s'est rendu compte du casse-tête qu'il allait affronter. «Il faut vraiment être un geek pour mettre Linux sur un portable», affirme-t-il.
Casser les barrières
Face à la multiplication des problèmes, François Marthaler propose désormais sa solution, «une première suisse et mondiale»: que Monsieur et Madame Tout le Monde puissent acheter un ordinateur avec Ubuntu préinstallé, qu'ils puissent le réparer éventuellement eux-mêmes grâce à des guides, que les pièces soient beaucoup moins coûteuses, le tout avec un réseau de PME informatiques dans toute la Suisse prêtes à fournir un support.
Si des formules semblables existent déjà aux Etats-Unis, tel n'est pas le cas aujourd'hui en Suisse. «Il y a une opportunité commerciale et je décide de m'y lancer en octobre dernier», explique François Marthaler. Il crée le 21 décembre la société «Why! open computing SA» et y met toutes ses économies (500'000 francs) . «Je joue très gros», même si les 125'000 francs de pension de conseiller d'Etat lui fournissent une sécurité appréciable.
Machines commandées
Aujourd'hui, le projet prend forme avec un site muni d'une boutique online. Quelque 500 laptops et une centaine de desktops ont été commandés. Les premiers viennent de Chine, les seconds sont des composants Intel assemblés à Lausanne. A la fin août, la marchandise devrait être disponible.
L'ancien chef du Département des infrastructures se donne deux ans pour gagner 2% du marché, soit 1% de fanas d'informatique et 1% de gens qui veulent se libérer des carcans commerciaux et de l'obsolescence programmée par les grandes marques. Le laptop, à commander en ligne, coûte 649 francs TTC avec un disque dur de 500 GB, 8 GB de RAM, un processeur Core I5 et un écran de 15,6 pouces. «Il faut que les consommateurs osent le changement», surtout que des périphériques compatibles (imprimantes, etc) seront aussi proposés.
Elargir l'expérience
François Marthaler reste vert et rêve déjà de «la bonne combine planétaire». Si ça marche, pourquoi s'arrêter aux frontières suisses? Pourquoi se limiter à l'informatique alors que de nombreux autres appareils ménagers posent les mêmes problèmes?
L'entrepreneur de 53 ans, qui est entouré de quatre collaborateurs dont un à temps complet, est enthousiaste et affirme pour sa part travailler à 180%! Reste à espérer que le public réponde présent à l'heure du succès des tablettes grandes et petites.