Saint-ValentinFréquenter des musées pour trouver l'âme sœur
Le Kunstmuseum de Berne, le musée des beaux-arts de la Chaux-de-Fonds et le Museum für Gestaltung de Zurich proposent à leurs visiteurs en panne d'amour de faire connaissance en admirant des toiles de maîtres.

Trois musées suisses, dont le Kunstmuseum de Berne, proposent à leurs visiteurs en panne d'amour de faire connaissance autour de toiles.
Se rencontrer devant des Monet, compter fleurette entre deux toiles de Rembrandt, discuter d'art avec des parfaits étrangers en quête de l'âme sœur.
C'est ce que proposent régulièrement le Kunstmuseum de Berne, le musée des beaux-arts de la Chaux-de-Fonds et le Museum für Gestaltung de Zurich à leurs visiteurs en panne d'amour.
Tandis que sites et applications de rencontres se multiplient, trois musées suisses organisent des visites spéciales célibataires pour mettre les gens en relation. Une démarche originale déjà bien établie dans les pays voisins et qui plaît. «Le concept correspond à un besoin de la société», réagit David Vuillaume, Secrétaire Général de l'Association des musées suisses.
Et ce n'est pas la quarantaine de célibataires qui poussent la porte du musée des beaux-arts de la Chaux-de-Fonds un jeudi par mois pour trouver un partenaire qui le contredira. «Nous avons beaucoup de retours positifs sur la démarche», confirme Sophie Vantieghem, la conservatrice de l'établissement neuchâtelois qui propose ce service depuis un an.
«L'ambiance de ces visites est souvent très bonne», constate par ailleurs Beat Schüpbach, l'un des deux guides du Kunstmuseum de Berne qui s'occupe des soirées «Rendez-vous für Singles», depuis 2007, date de la création de l'événement. Dans la capitale, ils sont une dizaine chaque deuxième mardi du mois à tenter leur chance. «Jamais bredouille»
A Zurich, le même nombre d'amateurs d'art célibataires participent à la «Führung für Singles» du musée Bellerive à Zurich, planifiée une fois par nouvelle exposition. «Les gens reviennent régulièrement», relève encore Beat Schüpbach.
S'il y a des habitués, c'est que le coup de foudre n'est pas chaque soir de la partie. Mais à défaut d'amour, des amitiés se créent. «Un groupe de dames qui s'est rencontré lors d'une visite se retrouve maintenant à chaque fois», confirme Sonja Gutknecht du musée zurichois. «Vous ne repartez jamais bredouille après une soirée 'Afterwork - Art for singles'», estime la conservatrice du Musée des beaux-arts de La-Chaux-de Fonds.
Même si l'âme soeur ne pointe pas le bout de son nez, «vous avez assisté à une visite guidée, fait de nouvelles connaissances», explique-t-elle. Les participants viennent pour l'art autant que pour les rencontres, ajoute encore Sonja Gutknecht. Et au final la soirée se transforme «en un moment de partage et d'échanges de toutes sortes», complète Beat Schüpbach.
A Berne, ce sont surtout les plus de 50 ans qui sont aguichés par le service. En revanche à la Chaux-de-Fonds et à Zurich, tous les âges sont représentés dès la trentaine, remarquent les deux responsables.
Plus de femmes
Dans les trois établissements, les visites se déroulent de la même manière. Les guides choisissent un thème en lien avec les expositions permanentes ou temporaires du musée et lancent questions et débats. L'idée est de briser la glace, de «faire interagir le plus possible les participants entre eux», s'accordent les organisateurs.
«On choisit des oeuvres plutôt humaines et pas trop abstraites, c'est plus facile», explique Beat Schüpbach. Un bon moyen, en somme, de «parler des émotions, de ce qui plaît ou ne plaît pas», salue David Vuillaume. De son côté Sophie Vantieghem propose aussi aux participants de porter des étiquettes avec leur prénom pour faciliter les prises de parole. Puis la soirée se poursuit devant un verre, dans une ambiance plus détendue.
Un seul bémol relevé par tous les établissements: il y a plus de femmes. «Les hommes ont un peu peur», glisse le guide bernois. Et certains, plus goujats dans leur approche, rebroussent chemin si, à première vue, aucun des participants ne leur convient. Une fois, un homme s'est retrouvé seul dans un groupe de dix femmes, raconte Sonja Gutknecht, il n'est pas resté. «Le rapport était trop inégal».
Néophytes attirés
Aucun des musées ne tient de statistique bien sûr, mais tous les organisateurs se rappellent avec fierté avoir vu des couples partir ensemble. Sophie Vantieghem confie aussi que certains participants n'étaient jamais venus dans l'établissement chaux-de-fonniers avant ces soirées. Une victoire, donc pour la conservatrice, puisque ces visites sont aussi «un moyen d'intégrer le musée, lieu de culture qui peut faire peur, dans le quotidien des gens».