FootballFringer: «Typiquement welsche, ça veut dire...»
Après son attaque en règle contre les Romands, Rolf Fringer justifie ses propos. L'ancien sélectionneur helvétique voulait stigmatiser le manque de réaction du LS.
- par
- Nicolas Jacquier

Rolf Fringer fait encore parler de lui.
Habitué des petites phrases assassines dont il a fait son fonds de commerce, Rolf Fringer (61 ans) a frappé fort samedi soir à la Pontaise comme «Le Matin» en a fait écho lundi (voir ci-dessous). Lorsqu'il s'est agi de s'étonner de l'étrange passivité de la défense du LS, mené 2-0 par Saint-Gall à la pause, le consultant de Teleclub a sorti une vieille rengaine qu'il s'est empressé de remettre au goût du jour. «Lausanne joue un match typiquement welsche» a décrété à l'antenne l'ancien sélectionneur helvétique, qui a oublié au passage qu'un Argentin, un Canadien et un jeune Suisse alémanique constituaient l'essentiel de la défense des Vaudois, représentés par le seul Gétaz.

Mais avec sa saillie verbale, que voulait vraiment dire l'Autrichien? Sachant que les clichés ont la vie dure, stigmatisait-il une simple attitude ou cherchait-il à dénoncer, en la déplorant, une identité socioculturelle perçue différemment de part et d'autre de la Sarine? Au moment où la polémique enfle, posons-lui directement la question.
Rolf Fringer, quel était le sens de votre message?
Je n'ai fait que traduire la vérité des images. À un moment donné, un défenseur ne peut pas se retrouver à dix mètres de son attaquant et se contenter de lever timidement la jambe pour l'empêcher de centrer. Le marquage, ce n'est pas ça. C'est y aller à fond. Il faut être dessus, quitte à marcher sur son opposant. Il y a des situations où il faut faire autre chose que de simplement jouer pour jouer sans se faire violence.
Au fait, c'est quoi pour vous un «match typiquement welsche»?
Ça veut dire ne pas faire les sacrifices qu'il faut, ne pas faire les derniers mètres, ceux qui font le plus mal. Or quand ça fait mal, on ne voit plus Lausanne, c'est la réalité du moment. C'est bien joli de vouloir toujours soigner le spectacle, jouer en zone, tranquillement. Mais défendre suppose surtout être présent dans les duels, ce que Lausanne n'a pas su faire.
Dites-le nous: vous n'aimez pas les Romands, ce n'est pas plutôt ça le vrai problème?
Pas du tout. Je n'ai rien contre les Romands, au contraire. Ils aiment la vie, expriment une certaine insouciance, boivent des cafés, sont cool au niveau de leur mentalité. Tout cela, c'est plutôt bonnard. J'ai d'ailleurs adoré jouer à l'époque à Genève (ndlr: il portait le maillot du CS Chênois en LNA). Mais on ne peut pas faire que des choses agréables dans la vie. Il faut aussi savoir faire les ultimes efforts, être prêt pour ça. Ce que les joueurs de la Pontaise ont d'ailleurs montré savoir faire avant la pause. Sauf que ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Mal défendre, c'est donc typiquement welsche?
C'est un peu welsche mais cela existe aussi chez nous ou chez les Tessinois. Bouffer du gazon n'est pas une spécialité réservée aux Suisses allemands, même si on aime nous cantonner dans ce rôle-là. Vous savez, toutes ces différences de mentalité servent aussi à cimenter notre identité nationale. On n'a pas besoin de tous se ressembler pour réussir à vivre ensemble.
Et Thoune qui encaisse sept buts à Tourbillon, c'est aussi un match de welsche ou quoi?
N'en faites pas une généralité. Quand il n'y a pas ce qu'il devrait y avoir, c'est difficile d'y être.
Quand vous retrouvera-t-on à l'antenne?
Demain soir pour Lausanne - Bâle. Je serai de retour à la Pontaise et je m'en réjouis énormément.