Football: Gian Piero Gasperini, c'est le Gary Sheehan du Calcio

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A 62 ans, l'entraîneur de l'Atalanta voit enfin ses talents reconnus. Il reste à savoir jusqu'où son équipe peut aller.

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Sport-Center
Gian Piero Gasperini voit enfin ses talents mis en lumière.

Gian Piero Gasperini voit enfin ses talents mis en lumière.

Keystone

C'est un peu le Gary Sheehan du Calcio. A l'image de l'entraîneur du HC Ajoie, qui rencontre gloire et reconnaissance sur le tard, Gian Piero Gasperini voit enfin ses talents mis en lumière. Sa brillante Atalanta, qui a balayé Valence mercredi soir en huitième de finale aller de la Ligue des champions (4-1), prend toujours plus des allures d'Ajax Amsterdam. Et lui, qui resta si longtemps un homme de l'ombre, est de plus en plus souvent comparé à un maestro voire un magicien.

Élu meilleur entraîneur du Calcio la saison dernière (son équipe avait fini 3e du classement), l'ex-modeste milieu de terrain (298 matches de Serie B, 59 de Serie A avec Pescara entre 1987 et 89) a même été adoubé par Pep Guardiola cet automne. Parce qu'il ne sacrifiera jamais la manière sur l'autel du résultat. Oui, depuis son arrivée en 2016, Gian Piero Gasperini a fait d'un petit club de province une équipe gagnante sur la scène européenne. Mais il l'a fait selon de solides principes, en suivant une philosophie qui fait la part belle au jeu, au mouvement. Son 3-4-3, évolutif en permanence car il demande à tous ses joueurs une capacité à remplir plusieurs rôles sur le terrain, peut déboucher sur des trouées (défaites 4-0 et 5-1 contre le Dinamo Zagreb et Manchester City) ou des chefs-d'œuvre (7-1 devant l'Udinese, 7-0 face à Torino).

Une «fausse» chance à l'Inter Milan

L'ennui, lui, ne guette jamais. Parce que la démarche est toujours portée par l'idée d'un progrès à accomplir, d'un détail à améliorer. Mercredi soir, au cœur de l'euphorie suite à la démonstration réussie à San Siro, le technicien piémontais – il est né dans la banlieue de Turin – a tenu à distiller un propos très terrien, humble: «Il y a un peu d'amertume pour le but encaissé et les occasions subies à 4-0. Cela doit attirer notre attention. On doit jouer avec plus de précision, on a perdu trop de ballons.»

Cette détermination à aller toujours plus haut, plus loin, vient peut-être du fait que Gian Piero Gasperini n'avait jamais goûté aux sommets les plus enivrants jusqu'ici. En deux saisons comme joueur à la Juventus (1976-78), il n'avait été aligné qu'à neuf reprises – toujours en Coupe d'Italie, lorsque cela comptait moins. Passé sur son banc, il a commencé par une décennie auprès des jeunes bianconeri – il y a notamment vu passer Alessandro Del Piero. Performant avec Crotone (promotion en Serie B), puis le Genoa (promotion en Serie A, puis qualification pour la Ligue Europa), Gasperini pense recevoir sa grande chance en 2011, lorsqu'il signe à l'Inter Milan.

Mais cela n'en était pas une. Arrivé un an après le triplé historique réussi par José Mourinho, et au terme d'une saison très agitée au cours de laquelle Rafael Benitez sera remplacé par Leonardo sur le banc, Gasperini tiendra le poste durant 73 jours et cinq matches (quatre défaites, un nul). Un fiasco suivi d'une expérience avortée à Palerme (2012/13), puis d'un retour plus ou moins abouti au Genoa (2013-16).

Lorsqu'il pose ses bagages à Bergame, à l'été 2016, personne n'y prête grande attention. Moins de quatre ans plus tard, son Atalanta, treizième masse salariale du Calcio selon la «Gazzetta dello Sport», présente de loin la meilleure attaque (63 buts en 24 matches). Elle occupe cette saison une très belle quatrième place et a pris une excellente option pour une qualification historique en quart de finale de la Ligue des champions – le match retour aura lieu le 10 mars à Valence.

«Nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir l'étiquette d'une grande équipe», serinait Gian Piero Gasperini à la veille du rendez-vous contre les Espagnols. Lui va avoir de plus en plus de mal à lutter contre l'idée qu'il pourrait bien être un très grand entraîneur.

Simon Meier

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