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FootballGattuso: «En Suisse, on a la culture du travail»

Le capitaine du FC Sion a dressé un premier bilan de son expérience valaisanne.

Renaud Tschoumy
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Renaud Tschoumy
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Gennaro Gattuso, voilà quatre mois que vous êtes arrivé en Suisse. Quel bilan tirez-vous?

Il est positif. Je suis venu dans un grand club, bien structuré et qui se doit de viser haut. Au niveau sportif, on peut dire que tout se passe plutôt bien. La seule déception, c'est en fait d'avoir déjà connu trois entraîneurs en aussi peu de temps. Pour moi qui en ai connu dix en vingt ans de carrière, ça fait bizarre. Mais c'est comme ça. Ce qui est positif, c'est que les joueurs ont su se responsabiliser dans ces moments.

Vous étiez très proche de Sébastien Fournier. Quel a été votre sentiment à son départ?

Sébastien et moi avons vécu une relation très forte, sur le plan humain comme au niveau technico-tactique. C'est quelqu'un qui s'investissait 24 heures sur 24 pour le club. On a vraiment eu un excellent feeling durant les deux mois que nous avons passés ensemble. Cela m'a fait d'autant plus mal de lire que j'étais dans la maison du président pour choisir son successeur. C'était faux, totalement faux.

Après quoi courez-vous encore?

Je joue encore au football parce que c'est ma vie, parce que je ne peux pas m'en passer. Je suis peut-être devenu riche et célèbre, mais je ne cours pas après la gloire. Je n'ai jamais oublié d'où je venais. Et ce que j'aime par-dessus tout, c'est l'odeur des vestiaires, celle de l'huile de massage. C'est ça qui me fait encore courir.

Avez-vous encore des problèmes oculaires?

Oui, je souffre de myasthénie oculaire. C'est une maladie qui s'attaque aux muscles des yeux, et qui m'oblige à vivre sous cortisone. A Saint-Gall, je suis sorti prématurément parce que je n'arrivais plus à voir comme il faut. Je dois composer avec cet élément, mais je fais tout pour apporter le maximum au FC Sion. Certaines personnes qui souffrent de la même maladie que moi restent couchées toute la journée.

Mais pas vous…

Non, parce que, comme déjà dit, j'ai encore envie de football. Le niveau de la Super League est très élevé. Je le savais en venant ici, même si on est forcément obligé de faire un reset quand on passe de l'Italie à la Suisse. Mais j'ai pu me rendre compte qu'en Suisse, on avait la culture du travail. Et cela vaut pour le football. Je me rappelle de Senderos quand il est arrivé à Milan: tu pouvais lui demander de s'entraîner deux jours de suite, il le faisat! Mais Philippe n'est pas un Suisse, c'est un Napolitain véritable. (Il éclate de rire)

Et votre vie suisse, quelle est-elle?

En qualité de vie, le match Suisse – Italie se termine sur le score de 10-0! Ma famille et moi sommes très heureux. Et je sens tous les jours la chaleur du peuple valaisan. Oui, habiter en Suisse, c'est autre chose que de résider en Italie. On vous a récemment prêté des touches avec votre ancien club de l'AC Milan.

Qu'en est-il vraiment?

Ecoutez, je suis un Calabrais, donc un homme d'honneur. Je ne vais donc pas revenir sur la parole que j'ai donnée en juin dernier au président Constantin et au directeur sportif Degennaro. Je ne suis pas du genre à quitter le navire. Au contraire: j'ai envie le piloter, ce navire. Je suis venu pour accomplir ici un cycle important. Et il y a tout pour bien faire. Je discute souvent avec le président, et on est d'accord sur plein de choses. Et puis, comme déjà dit, ma famille est heureuse ici. Alors le reste, baste e avanza!

On connaît votre motivation et votre grinta. Est-ce une manière d'impressionner vos adversaires?

Je n'ai pas de raison d'avoir du respect pour mes adversaires. Pour moi, le football, c'est ce que vous appelez la niaque, l'engagement, presque la guerre. On est sur le terrain pour gagner, pas pour se laisser impressionner. J'essaie de tirer mes coéquipiers à moi, de faire en sorte qu'ils entrent sur le terrain avec le même état d'esprit que le mien. On doit montrer à ceux d'en face qu'on n'est pas venus pour rigoler.

Vous possédez votre diplôme d'entraîneur (il en est au stade avant l'UEFA Pro). Pensez-vous un jour entraîner Sion?

Franchement, avec un président qui a déjà viré 30 entraîneurs, je ne sais pas! (Il rigole) Ce qui est sûr, c'est que pour durer ici, il faut avoir un projet solide. De toute manière, je ne suis pas venu à Sion pour entraîner, mais bien pour jouer.

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