Fashion weekGaultier fait la fête aux années 80
De Madonna à Michael Jackson, de Grace Jones à Sade, ou de Catherine Ringer à David Bowie: le créateur Jean-Paul Gaultier a célébré samedi soir les looks des années 80 qui «ont influencé la mode et (sa) mode», présentant pour le printemps-été 2013 une collection très joyeuse.
«Ce n'est pas parce que c'est la crise qu'il faut qu'on fasse grise mine, montrer des collections sinistres. Pourquoi du minimalisme à tout prix? La joie aussi peut-être là», a déclaré Jean-Paul Gaultier à l'issue d'un défilé enlevé. «Dans les années 80, il y avait beaucoup de looks insensés alors que maintenant on va vers un clonage dans le rien, être la copie des autres, conforme aux autres, des espèces de clones», a-t-il jugé.
Décor d'échafaudages sur lequel évoluaient voluptueusement des danseurs chaussés de talons aiguilles, boules à facettes descendant du plafond et tubes s'enchaînant à un rythme endiablé: il ne restait plus qu'à trouver des mannequins ressemblant aux chanteurs préférés du couturier. «Grace Jones» déboule alors en smoking, devant Jean-Paul Goude, son mentor, assis au premier rang: avec Gaultier, cette pièce phare de la garde-robe masculine devient combinaison, perd ses manches.«Madonna» revient dans une robe-cage presque d'époque. Mais aujourd'hui, elle préfère déambuler en robe bustier noire, la poitrine moins en pointe qu'avant.«Boy George» sert de prétexte à différentes pièces imprimées japonisantes sur un fond azur très doux pour une délicate robe-bustier dont le dos s'envole à chaque pas. «Sade», «Jane Birkin» sont autant de démonstrations de robes en raphia tricoté pour la première ou de jupe et manteau cache-poussière en georgette de soie imprimée «blue-jean» et rebrodée de paillettes pour la seconde.
Il s'agit d'une collection sur «les gens qui ont eu une influence sur la mode comme moi-même j'ai été influencé par David Bowie dans sa manière d'être ou de s'habiller», a poursuivi le créateur.Beaucoup de vedettes ont représenté «une forme de revendication», selon lui: «Madonna c'était l'après féminisme où on jetait les soutien-gorges. Elle disait oui je m'habille d'une manière sexy mais c'est moi qui décide de le faire».«Boy George avec son look à l'ambiguité totale et sa chanson «voulez-vous vraiment me faire du mal» ? c'était aussi une revendication», a-t-il rappelé. «Tous avaient des looks mais aussi un esthétisme qui suscitait des réactions», a encore dit Jean-Paul Gaultier qui a fait appel à la sulfureuse Amanda Lear, bientôt 66 ans, pour assurer le final, apparaissant d'abord dans une robe glamour rose shocking pailletée avant d'en enlever une bonne partie pour se retrouver en corset.