ConflitGenève-2 démarre difficilement
Le médiateur Lakhdar Brahimi a rencontré séparément les représentants du gouvernement et de l'opposition.
Un second round des discussions sur l'avenir de la Syrie a démarré difficilement lundi à Genève.
Le représentant spécial de l'ONU et de la Ligue arabe Lakhdar Brahimi a reçu d'abord la délégation de l'opposition dirigée par Hadi al-Bahra, puis celle du gouvernement dirigée par l'ambassadeur syrien à l'ONU Bachar al-Jaafari, ont précisé les Nations Unies. Les discussions ont porté sur l'agenda de ce second round, soit la fin des violences et la création d'un organe gouvernemental de transition.
Lakhdar Brahimi a renoncé lundi à faire une conférence de presse comme chaque jour lors du premier round de la conférence Genève 2, qui s'était terminé le 31 janvier sans résultat. Les deux délégations s'opposent toujours sur le déroulement des pourparlers.
Pour sortir de l'impasse, Lakhdar Brahimi a proposé de traiter «en parallèle» la question de l'arrêt du terrorisme, «priorité» pour le gouvernement, et de l'autorité de transition, «préalable» pour l'opposition.
Une séance commune entre Lakhdar Brahimi et les deux délégations pourrait avoir lieu mardi. Après avoir rencontré le médiateur, les deux délégations se sont par contre adressées à la presse.
Barils d'explosifs
La délégation de l'opposition syrienne a dénoncé l'utilisation par le régime de Damas de barils d'explosifs, a indiqué son porte-parole Louai Safi. «Nous avons demandé à Lakhdar Brahimi que les attaques avec des barils d'explosifs cessent», a-t-il affirmé.
Selon les informations présentées par les opposants au médiateur, depuis le début des négociations de Genève 2 en janvier, plus de 1800 Syriens, dont la moitié à Alep, ont été tués avec l'emploi de plus de 130 barils d'explosifs.
«Il est inacceptable que nous discutions ici avec le régime alors que ces attaques se poursuivent», a dit le porte-parole de l'opposition.
L'opposant a lancé un appel à la Russie pour qu'elle ne mette pas son veto à un nouveau projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU sur l'accès à l'aide humanitaire en Syrie, présenté entre autres par la France. La délégation des opposants a demandé la levée du siège de nombreuses villes par l'armée syrienne, en particulier à Deraya «où des gens meurent de faim».
Le départ d'Assad pas en discussion
Le départ du président Assad n'est pas l'objet des discussions de Genève, a affirmé pour sa part le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Mekdad.
«Nous sommes prêts à discuter de tout le communiqué de Genève 1, point par point, en commençant par la fin des attaques terroristes. Le départ du président Assad n'est pas dans le communiqué de Genève 1», a déclaré aux journalistes le vice-ministre syrien.
La déclaration de Genève 1 adoptée le 30 juin 2012 avait laissé ouverte la question du sort du président Bachar al-Assad, en mentionnant sans autres précisions la formation d'un gouvernement de transition avec les pleins pouvoirs exécutifs.
Interrogé sur les déclarations de l'opposition accusant le régime d'utiliser des barils d'explosifs, Fayçal Mekdad a répondu: «Nous défendons notre peuple. Les terroristes utilisent toutes les sortes d'armes (...) Nous ne visons pas des civils innocents, mais seulement les groupes armés terroristes».
Nouvelles évacuations à Homs
Le vice-ministre syrien a qualifié de «percée» l'évacuation des civils ce week-end à Homs, alors que, selon lui, les rebelles empêchaient cette évacuation depuis deux ans.
Un nouveau groupe de 300 civils a été évacué lundi des quartiers assiégés de la ville syrienne de Homs, a annoncé le Croissant-Rouge syrien, dans le cadre de l'accord entre régime et rebelles. La trêve humanitaire qui devait se terminer dimanche a été prolongée de 72 heures.
Dans une déclaration, le Mouvement international de la Croix-Rouge a condamné les attaques du week-end contre les convois humanitaires identifiés par l'emblème de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, visés par des tirs. Gouvernement et opposition se rejettent la responsabilité de ces tirs.
Par ailleurs, un troisième chargement d'agents chimiques a été évacué lundi de Syrie pour être détruit en vertu d'un accord avec le régime syrien, selon la mission ONU-Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC). Le chargement a été embarqué sur un cargo norvégien.