Neuchâtel: Geste désespéré, risque pénal

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NeuchâtelGeste désespéré, risque pénal

En détresse suite à son divorce, une femme a bouté le feu à sa maison samedi, touchant aussi deux autres maisons. Le point sur les risques et motifs de tels actes.

par
Sarah Zeines
A Bôle (NE), l'incendie a causé d'importants dégâts sur trois bâtisses de la rue des Chasselas.

A Bôle (NE), l'incendie a causé d'importants dégâts sur trois bâtisses de la rue des Chasselas.

Arcinfo

Risquer de tuer en tentant de se tuer: c'est l'enjeu d'un incendie provoqué par une femme désespérée à Bôle (NE), samedi dernier à la rue des Chasselas. En proie à des idées suicidaires suite à son divorce, la malheureuse a bouté le feu à sa maison avec l'aide d'un produit accélérant. Un sinistre qui s'est ensuite propagé à deux villas voisines, dont les occupants ont dû être relogés. La dame à l'origine de l'incident, pour sa part, n'a été que légèrement blessée. Elle est aujourd'hui placée sous surveillance médicale.

Irresponsabilité pénale

Un cas similaire survenu à Bienne (BE) en 2014 a récemment fait l'objet d'un procès. Début mars, une femme à l'origine d'une déflagration qui avait soufflé la façade de son immeuble a été entendue par la cour du Jura bernois-Seeland. Souffrant de schizophrénie paranoïde, amplifiée au moment de son acte par une dépression, cette dernière a finalement été jugée irresponsable sur le plan pénal.

Si la femme à l'origine de l'explosion à Bienne a échappé à une peine de prison, tous ne font pas face à la même clémence. «Dans les cas évoqués, deux types d'infractions peuvent être retenus, à savoir l'incendie intentionnel et la mise en danger de la vie d'autrui, note Me Jacques Roulet. Une irresponsabilité partielle ou totale peut éventuellement être retenue, en passant par une expertise psychiatrique. Les experts se basent sur ce que l'auteur, au moment du passage à l'acte, avait comme capacité de comprendre ce qu'il faisait et celle de s'abstenir.»

Conséquences inconsidérées

Mais pourquoi choisir ce mode opératoire? Y a-t-il volonté de faire du mal aux autres? Pour Philip Jaffé, spécialiste en psychologie légale, il s'agit davantage de marquer les esprits. «Généralement, on aime se suicider dans un espace «cosy», tout en créant un événement spectaculaire, explique-t-il. Dans les tentatives de Bôle et de Bienne, il s'agit d'une réunion de ces deux critères. À noter qu'au moment de passer à l'acte, les gens ne mesurent pas souvent les conséquences.» Chez Stop Suicide, on souligne que la mise en danger de sa propre vie, voire de la vie d'autrui, au moment d'une tentative de suicide peut être le fruit de facteurs divers: «Il peut s'agir d'un geste motivé par un fantasme ou par quelque chose qui a été vu ailleurs, relève Irina Inostroza, chargée de projet à l'association. Cela peut aussi être issu d'un sentiment de colère ou d'une impulsion, mais c'est en général surtout le reflet d'une souffrance insupportable qu'on veut stopper.»

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