Euro 2020Giacomo Raspadori marche sur les traces de Rossi et Schillaci
Convoqué in extremis par Roberto Mancini, le jeune attaquant de Sassuolo est un atout offensif supplémentaire pour ramener l’Italie vers les sommets.
- par
- André Boschetti

Giacomo Raspadori, qui a fêté sa première sélection avec l’Italie vendredi dernier contre la République tchèque, pourrait bien être l’une des révélations de cet Euro.
Mardi dernier, Roberto Mancini a surpris son monde en dévoilant sa liste des 26 joueurs qui auront la délicate mission de ramener l’Italie vers ces sommets dont elle s’est grandement éloignée depuis son titre mondial de 2006 si l’on excepte sa finale surprise de l’Euro 2012 (lourde défaite 0-4 face à l’Espagne). Pour effacer le plus efficacement possible l’absence traumatisante du pays quatre fois champion du monde au dernier Mondial russe, le sélectionneur transalpin a bien entendu essentiellement misé sur ce groupe avec lequel il est invaincu depuis désormais 27 matches, mais en y ajoutant une touche des plus inattendues.
«Raspadori a aussi les qualités et la créativité d’un No 10»
Le plus souvent remplaçant avec Sassuolo jusqu’en avril dernier, Giacomo Raspadori (21 ans) a profité des bienfaits du printemps pour fleurir de façon aussi rapide qu’inattendue. Grâce aux cinq buts (dont deux à l’AC Milan et un à la Juventus) inscrits lors des neuf dernières journées de Serie A, le petit (172 cm) attaquant ambidextre a d’abord convaincu Paolo Nicolato de lui offrir une place de titulaire lors du très récent quart de finale de l’Euro M21 - défaite en prolongation contre le Portugal - puis Roberto Mancini de le convoquer in extremis pour l’Euro des «grands». Au détriment de Moise Kean, l’attaquant du PSG. Excusez du peu.
Une convocation surprise qui n’est pas sans rappeler celle de Paolo Rossi en 1978 puis, surtout, celle de Salvatore «Toto» Schillaci douze ans plus. Meilleur buteur de Serie B avec Palerme en 89-90, le Sicilien avait été le pari de dernière heure du sélectionneur de l’époque, Azeglio Vicini. Parti sur le banc au Mondial 1990, Schillaci avait été élancé dans l’arène à un quart d’heure de la fin du premier match de poule, contre l’Autriche, alors que les Azzurri se montraient incapables de trouver l’ouverture. Un bunker autrichien que Schillaci faisait voler en éclats quatre minutes seulement après son entrée sur le terrain. Avec six réussites, il emmenait ensuite l’Italie jusqu’à un frustrant troisième rang final.
Une Coupe du monde à laquelle participait justement Roberto Mancini, auquel ressemble d’ailleurs un peu Giacomo Raspadori. «Il est non seulement très bon dans la surface de réparation adverse, explique Roberto De Zerbi, son entraîneur à Sassuolo, mais il a aussi les qualités et la créativité d’un No 10. Dans les petits espaces, il est incroyable et malgré sa petite taille, il est fort physiquement. De plus, la façon de jouer de la «Nazionale», avec comme principes de base la possession du ballon et la domination dans le jeu, lui conviendra parfaitement. Malgré son manque d’expérience, sa convocation pour l’Euro est, pour moi, logique.»
Derrière Immobile et Belotti
Dans le 4-3-3 que privilégie Mancini, Raspadori part toutefois en troisième position dans la hiérarchie des avant-centres, derrière Ciro Immobile et Andrea Belotti. Deux attaquants dont la façon de jouer est assez similaires et qui ont pour autre point commun de briller sur les terrains italiens mais d’éprouver davantage de difficultés à convaincre sur la scène européenne. Une limite dont pourrait bien profiter Giacomo Raspadori – il a fêté sa première sélection vendredi contre la République tchèque (4-0) - pour se voir offrir quelques possibilités de montrer l'éventail de son talent lors de cette première phase de l’Euro. Et qui sait ensuite ce qui peut arriver à un attaquant que plusieurs clubs italiens et étrangers courtisent déjà.