SociétéGitans: une affaire politique
Huit cents Gitans squattent un terrain de Collombey-Muraz (VS), au grand dam des exploitants. L'incompréhension et la colère de la population ont amené des élus à proposer des pistes.
- par
- Christine Schmidt

Depuis dimanche, de nombreuses caravanes occupent sans autorisation un vaste terrain privé de Collombey-Muraz (VS).
Ils ont débarqué avec une cinquantaine de caravanes, dimanche sur un terrain privé à deux pas de Collombey-Muraz (VS). Hier matin, «nous en avons dénombré 77, et d'autres arrivent encore», déplore Simon Turin, l'exploitant agricole de ce champ où des gens du voyage d'origine française ont pris leurs quartiers en toute illégalité. Les Gitans devraient être plus de 800 ce week-end pour célébrer un mariage (lire ci-contre).
Policiers démunis
Dépités, Simon Turin et Paul Kunz, le propriétaire du terrain, ont fait appel aux forces de l'ordre dans l'espoir de voir les Gitans quitter les lieux. Or il n'en sera rien. Ils resteront là jusqu'à dimanche, au grand dam des agriculteurs et de la population locale, tous craignant pour leur sécurité, et ne comprenant pas pourquoi on leur impose la présence de ces gens. «Démunis» pour exiger leur expulsion, les policiers de leur côté ont «mal au bide» de devoir négocier avec les Gitans, selon Jean-Marie Bornet, porte-parole de la police cantonale valaisanne.
Contactée hier, la ministre de la Sécurité de l'Etat du Valais, Esther Waeber-Kalbermatten, n'envisage pas de solution pour l'heure. Et ne semble pas considérer l'ampleur de la situation: «La police fait son maximum pour assurer la sécurité de la population. Elle répond aux ordres du ministère public.» Un Ministère public valaisan dont le rôle «est de faire cesser les infractions qui perdurent», nous explique Nicolas Dubuis, le procureur général adjoint. «Mais cette problématique des gens du voyage est complexe. Elle est du ressort des politiques.»
A Berne d'agir!
En effet, plusieurs élus ont – enfin – réagi suite à cette intrusion illégale des gens du voyage à Collombey-Muraz. Parmi eux, Yannick Buttet, très concerné en tant qu'élu municipal de Collombey-Muraz et conseiller national (PDC). «Ce nouvel épisode met encore une fois en lumière cette problématique. Ce que nous devons faire à présent, c'est assurer une base légale empêchant ce genre de situation de se reproduire. Comme les communes et les cantons sont dépassés, la Confédération doit prendre des mesures pour faire respecter le droit.»
Dans son intervention qu'il déposera cet automne, l'élu chablaisien demandera au Conseil fédéral d'agir «pour empêcher l'accès à notre territoire aux Gitans ayant eu des comportements inadéquats, notamment ceux ne respectant pas la propriété privée.» Une piste aussi envisagée par l'UDC qui, elle, va même jusqu'à proposer la mise en place d'un plan intercantonal, voire international «Alerte Gitans». «Par là, il s'agit de ménager à nos policiers un délai suffisant pour engager à temps des moyens adéquats», indique le conseiller national Oskar Freysinger.
Reste enfin le problème de ces «aires de transit» pour les Gitans, requises dans chaque canton par la Confédération. Le Valais n'en dénombre qu'une à Martigny, alors qu'elle devrait en proposer au moins trois. Un groupe de travail planche sur la question depuis bientôt dix ans. De quoi en faire passer des caravanes…