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Londres 2012Glen Mills, celui qui a façonné la «machine» Bolt

L'entraîneur a monté une écurie de pur-sang à deux jambes qui n'a pas d'équivalent au monde, avec en megastar Usain Bolt, premier sprinter à remporter quatre titres individuels aux JO.

Capture d'écran.

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Quand on évoque un élevage, Glen Mills, 62 ans, fait la moue et précise de sa voix lente: «Pas tout à fait. Cela suppose une génétique, un travail en amont.» Or, il n'a qu'à choisir parmi les centaines de talents qui viennent à lui, succès oblige.

La fibre de coach, il l'entretient depuis l'âge de 16 ans, quand il est devenu entraîneur-adjoint dans un lycée après avoir compris qu'il ne brillerait jamais sur la piste. En 1968, il se paie le voyage à Mexico, histoire d'appendre sur le terrain des JO auprès de quelques entraîneurs américains, alors en pointe sur le sprint.

Glen Mills regarde, écoute et apprend vite. En 1987, il est nommé entraîneur chef de la Jamaïque qui se redécouvre terre de sprinters. Son oeil, un peu éteint de crocodile, est pourtant infaillible pour déceler le talent caché.

Usain Bolt? Plus jeune champion du monde juniors de l'histoire (15 ans et 332 jours) en 2002, la grande tige frappe à sa porte, au 36e dessous, tout juste éliminé en séries du 200 m des jeux d'Athènes-2004.

Sous des allures de dilettante, comme son plus illustre élève d'ailleurs, Glen Mills agit avec méthode. Il emmène Usain Bolt chez Hans-Wilhelm Müller-Wolfarth à Munich, pour savoir si le poulain est récupérable.

Le bon docteur le rassure. Le travail de reconstruction physique et technique peut commencer. Bolt possède effectivement un moteur de Formule 1, mais la carrosserie est brinquebalante.

Un deuxième père pour Bolt

Usain Bolt, qui lui est redevable de la métamorphose, obéit sans restriction à son mentor, en fait un second père, pourtant sans concession aux entraînements. C'est que l'entraîneur sait y faire et relâcher la pression quand il faut, alterner la carotte et le bâton. Et, dimension spirituelle oblige, il emmène son groupe régulièrement à l'église.

L'effectif, avec les succès planétaires d'Usain à Pékin, s'est sacrément étoffé. Depuis 2009, Glen Mills ne se consacre plus qu'à sa structure, avec six entraîneurs et une quarantaine d'athlètes à ses ordres. Dont Yohan Blake, dauphin de Bolt à Londres sur 100 et 200 m.

Sous la direction de Glen Mills, Bolt le sculptural (1,96 m pour 86 kg) et Blake le râblé (1,80 m/78 kg) travaillent ensemble, mais avec des exercices différenciés.

L'entraîneur-chef a su ménager les susceptibilités et les intérêts financiers. Si les JO de Londres ont décrété, à la régulière, que Bolt était encore devant, le futur appartient au cadet.

Glen Mills n'aura pas de problème pour assurer la pérennité de son écurie. Le RTC a d'ailleurs annexé tout le podium olympique du 200 m à Londres, avec aussi Warren Weir sur la troisième marche.

(AFP)

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