Révérence: Goodbye milady, farewell

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RévérenceGoodbye milady, farewell

Après 68 ans de bons et loyaux services, le plus emblématique des véhicules anglais va goûter aux joies d'une retraite bien méritée. Salut Defender!

par
Philippe Clément
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«HUE 166»: c'est avec ce numéro d'immatriculation que la Land Rover Defender 001 a fait ses tout premiers tours de roues. D'où son surnom de «Huey».

«HUE 166»: c'est avec ce numéro d'immatriculation que la Land Rover Defender 001 a fait ses tout premiers tours de roues. D'où son surnom de «Huey».

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La Defender a servi de base de développement à passablement d'engins insolites et grandioses. Ici, une version à chenilles assez incroyable.

La Defender a servi de base de développement à passablement d'engins insolites et grandioses. Ici, une version à chenilles assez incroyable.

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Une Defender est cachée dans cette image, saurez-vous la retrouver?

Une Defender est cachée dans cette image, saurez-vous la retrouver?

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Cette fois ça y est, c'est terminé! Pour de vrai. Le vendredi 29 janvier dernier à 9 h 15, heure anglaise, la 2 016 933e Land Rover Defender est sortie des chaînes de production de l'usine de Solihull, dans les Midlands de l'Ouest. Pour la petite histoire, il s'agissait d'un modèle «soft top» – à toit bâché, donc – monté sur un châssis court. L'Histoire, avec un grand H, elle, retiendra que c'était la toute dernière représentante d'une lignée de véhicules mythiques qui auront porté haut les couleurs de l'industrie automobile anglaise aux quatre coins du globe.

Et quand on dit les quatre coins du globe, on n'exagère pas. Aucun 4x4 – à part, peut-être, la célèbre Jeep Willys – ne peut se targuer d'avoir à ce point symbolisé, dans l'inconscient collectif, le véhicule passe-partout. Des aventuriers aux scientifiques, des belligérants au CICR, tous ceux qui ont eu un jour besoin d'aller un peu plus loin que la dernière route ont fait appel à ses services.

Et ils n'ont pas été déçus. En plus de quinze ans de tests automobiles, on peut vous assurer que plusieurs de nos souvenirs les plus marquants sont attachés à des essais effectués au volant d'une Defender! Que ce soit sur une dalle de rocher humide et glissante en pleine forêt, de nuit au fond d'un bourbier du Pays de Galles ou au milieu d'une rivière d'Ecosse avec de l'eau jusqu'à mi-portières, on ne vous raconte pas le nombre de fois ou l'on a pensé: «Ça ne passera jamais.» Pourtant, ça a toujours passé…

Solihull? Un nom prédestiné

Bon, d'accord: face à la concurrence de sa cousine huppée de chez Range, la Defender faisait un peu «rustique». Normal, pour une native de Solihull. Solihull? Une bourgade dont le nom vient de «soily» (boueuse) et «hill» (colline) et dont la devise est «Urbs in Rure»: la ville à la campagne. Ça ne s'invente pas.

Elle n'en a jamais fait cas. Elle, elle était conçue pour le labeur, pas pour la parade. Capable de passer partout, de tracter des charges impressionnantes et de servir de bête de somme, elle ne s'est jamais embarrassée de gadgets. Tout au plus a-t-elle accepté, vers la fin, d'ajouter un zeste de confort dans son habitacle spartiate, un soupçon d'insonorisation autour de son moteur. Bien plus à l'aise dans la gadoue et les pierriers que sur l'autoroute, elle n'a jamais snobé son monde. Juste servi, avec force et courage, dans les conditions les plus extrêmes.

Spécialistes de la restauration

Après avoir transporté la reine, Winston Churchill et James Bond, victime de l'évolution et, surtout, des normes antipollution, la voilà donc qui tire son ultime révérence, en toute modestie. Et au grand dam de ses fans qui se battent désormais pour mettre la main sur un des modèles «Heritage» de la dernière fournée.

Pour les employés aussi, la séparation est rude. Certains ont choisi de prendre leur retraite en même temps que leur modèle fétiche. A l'image de Tim Bickerton, 55 ans, dont quarante passés à Solihull, qui avait suivi les traces de son père et de son grand-père et a travaillé de son apprentissage à aujourd'hui à assembler des Defender. D'autres vont se reconvertir dans la toute nouvelle division «heritage vehicle restoration», chargée de réparer et d'entretenir l'icône roulante.

Certains, encore, rêvent de fonder de petites spin off où l'on continuerait à construire, selon les plans originaux, de petites séries. A l'image de ce qui s'est fait avec Caterham. Affaire à suivre.

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