autoGP de Malaisie - John Booth (Manor): "Nous avons eu beaucoup de chance" (ENTRETIEN)
Paris, 27 mars 2015 (AFP) - John Booth, le Team Principal de l'écurie de F1 Manor, née du sauvetage de Marussia, a expliqué mi-mars à l'AFP à Melbourne, en marge du GP d'Australie, que Manor avait eu "beaucoup de chance" que son matériel de course n'ait pas été vendu aux enchères.
Q: Pourquoi êtes vous allé en Australie, où vos monoplaces n'ont pas roulé? R: "Il fallait être là, passer les vérifications techniques, être sûrs que notre voiture correspondait à la règlementation 2015. Et on n'aurait pas pu faire autant de progrès en restant chez nous, car il fallait travailler avec nos partenaires. Comme tous nos services ont été démantelés cet hiver, nos ordinateurs ont été vidés, tout a été effacé en prévision de la vente aux enchères. Finalement ils n'ont pas été vendus mais il a fallu repartir de zéro. On n'a pas eu le temps de tout recharger avant d'embarquer le matériel pour l'Australie et en arrivant à Melbourne on était très loin de pouvoir faire rouler nos voitures." Q: Comment avez-vous vécu le feuilleton de votre sauvetage? R: "Cela changeait chaque jour, parfois d'une heure à l'autre, c'était comme des montagnes russes. Le point le plus bas, c'était la vente aux enchères de la mi-décembre, mais on a eu de la chance: le matériel de course n'était pas dans la vente, seulement du matériel de l'usine. Il faut reconstruire toute l'infrastructure, ça prendra des mois, mais en attendant on peut quand même courir." Q: Comment avez-vous trouvé vos repreneurs ? R: "Un de mes amis dit souvent que les bons deals se font d'eux-même. Le fait d'avoir une bonne voiture l'an dernier, malgré un budget limité, était un facteur important pour convaincre les investisseurs. Je pense que nous avons un modèle économique qui est raisonnable et durable pour la F1. Nous avons toujours eu l'habitude de gérer une petite écurie, ce sera peut-être un avantage dans l'avenir, quand des écuries plus importantes seront obligées de réduire la voilure. Nous savons tous que la F1 n'est pas en bonne santé, mais certains continuent à employer 300 ou 500 personnes. Il faut nourrir ce monstre." Q: Votre repreneur principal, Stephen Fitzpatrick, va-t-il communiquer en F1 au sujet de son entreprise (Ovo Energy)? R: "Il n'en a pas l'intention. Il est jeune, il a 37 ans, il vient d'avoir un bébé, il va apporter une bouffée de fraîcheur dans le paddock. Je ne pense pas qu'il mettra le nom de sa société sur la voiture. Il veut que cette écurie soit indépendante, et pas que ce soit un jouet dans lequel il met éternellement de l'argent. En plus, il vend de l'énergie verte et la F1 n'est pas verte du tout." Q: Comment expliquez-vous votre survie, alors que Caterham a disparu? R: "Nous avons survécu en grande partie grâce aux points marqués à Monaco (par Jules Bianchi, 9e, qui vont rapporter plus de 30 millions d'euros de revenus commerciaux, NDLR), alors que Caterham était une plus grosse société, qui avait beaucoup investi en F1. Nous avons vraiment un esprit d'équipe très fort, dans cette écurie. Tout le monde voulait repartir et a rendu possible ce retour." Q: Quand avez-vous l'intention de faire rouler votre nouvelle voiture? R: "Nous avons conservé tous les dessins, toutes les données informatiques. Nous espérons que notre voiture 2015 sera prête pour le GP de Belgique, fin août, même si nous pourrions continuer avec notre voiture actuelle, car elle est règlementaire. Nos partenaires ont fait beaucoup de progrès cet hiver, notamment Ferrari au niveau du moteur, et nous voulons rouler avec ce moteur 2015." Q: Est-ce que vous pensez souvent à Jules Bianchi (toujours hospitalisé à Nice dans un état critique)? R: "Je pense à Jules tous les jours, il est une inspiration permanente pour nous tous. Son attitude était exemplaire, il savait gérer les déceptions, il nous incite à continuer. Je sais aussi que notre présence ici aide un tout petit peu son père, Philippe Bianchi." Propos recueillis par Daniel ORTELLI à Melbourne. dlo/mam