Art: Graffeur amendé pour un tag sprayé il y a 21 ans

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ArtGraffeur amendé pour un tag sprayé il y a 21 ans

Un artiste renommé a reçu un commandement de payer pour un tag sprayé sur des WC mobiles en… 1997!

Vincent Donzé
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Vincent Donzé
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Le grafeur Gaetan Gris, alias Soy

Le grafeur Gaetan Gris, alias Soy

Laurent Crottet
Exemple de fresques peintes par Soy à La Chaux-de-Fonds: la carrosserie MG, sur le Pod.

Exemple de fresques peintes par Soy à La Chaux-de-Fonds: la carrosserie MG, sur le Pod.

Laurent Crottet
Le centre de loisirs Fun Magic.

Le centre de loisirs Fun Magic.

Laurent Crottet

Un recommandé émanant de l'Office des poursuites? À La Chaux-de-Fonds, Soy Gris, alias Gaetan Gris, a froncé les sourcils: «Mes tags m'ont valu des condamnations, mais j'ai payé toutes mes dettes, en versant la somme due ou en effectuant un travail d'intérêt général», s'est dit le graffeur désormais renommé.

Ce qui justifie les 249 fr. 20 réclamés, le graffeur l'a découvert au guichet de l'Office des poursuites: «Facture des Travaux publics – réparation roulotte WC». Un intitulé qui lui a rafraîchi la mémoire: «J'ai sprayé ma signature lors d'une fête populaire, en 1997.»

Le graffeur actif depuis 28 ans à La Tchaux a exprimé son incompréhension sur Facebook: «J'y ai laissé quelques peintures murales (…) et voilà la récompense!» Avec Carolus, alias Carol Gertsch, dont on a récemment effacé une montgolfière peinte sur une façade, Soy est une pointure qui vit de son art.

Bientôt prescrite

Sa mésaventure a été largement commentée: «Pour moi, comme tu es connu, ils se disent que tu as maintenant des sous et ils reviennent à la charge», lui écrit Pierre. Pas faux, à la veille de la prescription de vingt ans qui arrive à terme depuis la délivrance de l'acte de défaut de biens.

L'artiste ne conteste pas l'amende. C'est le délai qui lui pose problème: «Faudra quand même qu'ils m'expliquent comment pendant toutes ces années ils ont pu passer à côté.» Réponse de la conseillère communale Sylvia Morel: «Lui a peut-être oublié, mais l'État n'a pas oublié…»

Ce que Soy ignorait, c'est que la Ville n'est pour rien dans l'envoi du commandement de payer: «Quand un acte de défaut de biens atteste d'une insolvabilité, nous le transmettons à l'Office cantonal de recouvrement», indique la directrice des Finances Sylvia Morel. En contact avec l'autorité fiscale, cet office peut revenir à la charge au profit de l'État s'il constate une solvabilité.

La solution qui s'offre à Soy, c'est de s'opposer au commandement de payer. Ce que l'artiste propose aux autorités, c'est de régler la facture en réalisant un graffiti.

Un projet repose d'ailleurs dans un tiroir: pour un prix symbolique, Soy et Carolus proposent de réaliser le plus grand trompe-l'œil du canton au sommet de la tour Espacité, qui abrite le Conseil communal et l'administration. «Il s'agit de faire ce que j'ai réalisé partout: embellir une paroi morne et grise.» Celle-là est recouverte de… tags!

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