FootballGrégory Sertic, un soldat discret à Zurich
Le FCZ a recruté un joueur polyvalent, capable de s'intégrer facilement au sein d'une équipe, sans pour autant la tirer vers le haut.
- par
- Brice Cheneval

Grégory Sertic (à g.) a porté le brassard de capitaine des Gir0ondins de Bordeaux (ici face au PSG de Marco Verratti en octobre 2014).
Le FC Zurich a officialisé mercredi l'arrivée en prêt, jusqu'à la fin de saison, de Grégory Sertic (29 ans). Le Franco-Croate, qui peut évoluer milieu défensif ou défenseur central, vient relancer sa carrière, à l'arrêt depuis son transfert à Marseille, en janvier 2017. Victime de blessures à répétition et considéré comme un deuxième, voire troisième couteau de l'effectif, il n'a participé qu'à 25 matches en deux ans. Dans un club où les joueurs peuvent être sérieusement chahutés par les supporters, Sertic n'a jamais eu le droit à ce traitement, sinon de l'indifférence.
Et pour cause: son jeu n'est pas propice à enflammer les débats. «C'est un joueur moyen de Ligue 1, indique Florent Toniutti, créateur du blog «Les Chroniques Tactiques» et suiveur attentif des Girondins de Bordeaux, où Sertic a évolué de 2008 à 2017. Il n'a jamais brillé pour quoi que ce soit en particulier. Il fait le taf, sans plus.»
Seulement 28 cartons reçus au total
À travers cette description très neutre se dégage l'essence de son jeu: la simplicité. Avec une moyenne par match, sur l'ensemble de sa carrière, de 84% de passes réussies, 1,8 tacle réussi (sur 2,4 tentés), 1,2 faute commise et 0,6 dribble, ses statistiques illustrent sa propreté technique et dans les duels. Mais également son manque d'impact et de prise de risques. «Ce n'est pas un joueur qui assume des responsabilités, affirme Florent Toniutti. Il va être bon si les joueurs autour de lui sont meilleurs. Mais il n'a jamais été un leader technique, tactique ou mental.»
Un chiffre illustre parfaitement cette dualité: son nombre de cartons (jaunes et rouges) reçus, qui s'élève à 28 en 230 matches professionnels. Un total excessivement bas pour un joueur à vocation défensive. «C'est le bon pote dans un groupe, il ne fait pas de vague. Son jeu reflète totalement la personne qu'il est en dehors du terrain», observe Kévin Beuzet, consultant tactique pour le site «Le Phocéen», consacré à l'OM, sous le pseudo «Travail de l'OMbre».
Redoutable tireur de coups de pied arrêtés
Lancé chez les professionnels comme milieu relayeur à Bordeaux, Grégory Sertic a progressivement reculé, jusqu'à être aujourd'hui considéré tout autant comme un défenseur central. Ce qui dénote, comme beaucoup de joueurs empruntant la même évolution, une bonne capacité de placement et d'anticipation. «Il manque de vitesse, mais compense avec une bonne lecture du jeu», avance Kévin Beuzet. «Il est capable de faire un match sans erreur, c'est un mec sur qui tu peux te reposer», poursuit Florent Toniutti.
D'autre part, le nouveau numéro 26 zurichois possède des prédispositions sur coups de pied arrêtés. À l'OM, ses partenaires l'ont maintes fois désigné comme le joueur le plus adroit dans ce domaine. Dans un effectif où figure notamment Dimitri Payet, une référence en la matière, le compliment n'est pas anodin. «Quand Rudi Garcia faisait les mises en place à l'entraînement, c'était lui le «cobaye» qui tirait les corners», indique Kévin Beuzet.
À Zurich, Grégory Sertic peut apporter son expérience de la Ligue 1 et des Coupes d'Europe (16 matches de Ligue Europa, 3 de Ligue des champions) à un effectif jeune (24 ans de moyenne d'âge). D'autre part, sa polyvalence pourrait s'avérer utile au sein d'une formation qui alterne les schémas tactiques cette saison (4-2-3-1, 3-5-2 et leurs dérives).
Reste à savoir dans quel rôle souhaite l'utiliser Ludovic Magnin, en défenseur central ou milieu de terrain. Et quelle importance il souhaite lui accorder au sein du groupe. «Si l'entraîneur lui demande d'être un leader, une question va se poser. Car il n'a jamais réussi à l'être jusqu'à présent», conclut Florent Toniutti. Réponse dans les semaines à venir.