Genève: Guéguerre sur la taxe automobile

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GenèveGuéguerre sur la taxe automobile

Le MCG et Genève en Marche se livrent une concurrence féroce autour de la taxation des véhicules. Deux projets de loi ont été déposés. Les autres partis critiquent.

Jérôme Faas
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Jérôme Faas
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«Le projet du MCG est débile et inapplicable», déclare Éric Stauffer, président de Genève en Marche.

«Le projet du MCG est débile et inapplicable», déclare Éric Stauffer, président de Genève en Marche.

Keyston
«Éric Stauffer se comporte comme un enfant qui a volé un bonbon», estime Thierry Cerutti, député MCG.

«Éric Stauffer se comporte comme un enfant qui a volé un bonbon», estime Thierry Cerutti, député MCG.

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Ils étaient cul et chemise, voilà qu'ils s'écharpent. En quelques jours, Éric Stauffer et Thierry Cerutti ont chacun dégainé un texte destiné à limer l'impôt automobile genevois. Et s'ils visent le même but, ils ne s'épargnent pas. «Le projet du MCG est débile!» raille Éric Stauffer, qui roule dorénavant pour Genève en Marche. Thierry Cerutti, député MCG, riposte: le projet concurrent est un leurre pour faire oublier que son ex-collègue de parti s'est fait pincer avec des plaques valaisannes. «Il se comporte comme un enfant qui s'est fait attraper après avoir volé un bonbon.»

Dans les faits, la proposition d'Éric Stauffer, détaillée par catégories de véhicules et paliers de puissance, revient à diviser par deux l'impôt. «L'important, c'est de rendre du pouvoir d'achat aux Genevois. L'automobiliste n'est pas une vache à lait que l'on peut traire indéfiniment», dit le chef de Genève en Marche. Le MCG développe un argument similaire. «Ce n'est pas aux automobilistes déjà surtaxés de remplir les caisses de l'État», plaide son secrétaire général, François Baertschi. Thierry Cerutti propose un mécanisme simple: «Les tarifs sont égaux ou inférieurs à ceux qui sont appliqués dans le canton suisse où le niveau d'imposition est le plus bas.»

«De la démagogie»

Un dispositif «inapplicable», selon Éric Stauffer, vu que chaque canton use de critères de taxation différents (cylindrée, poids, puissance, émission de CO2). Au contraire, Thierry Cerutti juge que c'est le rôle de l'État de faire chaque année ce calcul. «Justement, nous ne voulons pas d'automaticité. L'impôt doit correspondre aux prestations fournies.»

La démarche navre Thomas Wenger, député socialiste. «C'est de la démagogie. Genève en Marche tente de faire oublier l'affaire des plaques valaisannes. Quant au MCG, son projet est si simpliste que c'en est à pleurer.» Il ajoute que – tous véhicules confondus – l'impôt genevois se situe sous la moyenne nationale. Un fait confirmé aux parlementaires, en novembre 2016, par le patron de la direction générale genevoise des véhicules: le coût annuel moyen de l'impôt atteint 337 francs.

Présidente de l'Association Transports et Environnement, l'élue nationale Verte Lisa Mazzone juge ces projets «inacceptables. En 10 ans, en Suisse, le prix des transports publics a augmenté de 30% alors que celui de la voiture, proportionnellement au coût de la vie, a plutôt baissé.»

Même François Membrez, président du TCS Genève, admet qu'au bout du lac, «pour une voiture raisonnable, l'impôt n'est pas forcément cher». Prudent, il ne s'exprime pas plus avant sur l'imposition idéale. «Notre position, c'est surtout qu'en plus de la puissance, la taxation devrait aussi prendre en compte le poids du véhicule.»

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