BerneHandicap: jour historique au Palais fédéral
Ce 24 mars se tient la première session des personnes en situation de handicap. 44 parlementaires vont représenter cette population souvent marginalisée et invisible.

- par
- Eric Felley

Quelques parlementaires qui participent à la séance du 24 mars.
Quarante-quatre parlementaires issus du monde diversifié du handicap se retrouvent à Berne ce 24 mars pour une première session historique dans la salle du Conseil national à l’instar de leurs homologues valides (à suivre en direct sur ce lien). Pourquoi 44 sur les 200 sièges que compte le Conseil national? Parce que c’est la proportion de la population présentant un handicap en Suisse (1,8 million de personnes), par rapport à celle qui n’en souffre pas. Une personne sur vingt est par ailleurs fortement limitée dans sa vie quotidienne.
Cette part peut paraître surprenante: «Le nombre de personnes en situation de handicap est souvent sous-estimé pour plusieurs raisons, note Pro Infirmis. Beaucoup de gens vivent dans des structures parallèles, sans être intégrés dans la société. De nombreuses barrières les empêchent de participer à la vie publique autant que les autres personnes. De plus, une part importante des handicaps sont invisibles – comme les troubles psychiques ou cognitifs».
Organisée par l’association faîtière Pro Infirmis, cette rencontre est l’occasion d’évoquer ces 22% souvent marginalisés ou invisibles. Ils sont faiblement représentés dans les Chambres fédérales, si ce n’est avec le conseiller national Christian Lohr (C/TH), qui s’y est fait une place avec sa chaise roulante depuis onze ans. Âgé aujourd’hui de 60 ans, il est né sans bras avec des jambes atrophiées, car sa mère avait pris un médicament à base de thalidomide. C’est lui qui préside de cette réunion: «Avec la session des personnes handicapées, relève-t-il, Pro Infirmis met sur pied une plateforme politique qui revient aux personnes en situation de handicap. Ce qui résultera de cette plateforme relève de la responsabilité des personnes élues».

Quelques-uns parmi les élues et les élus de ce Parlement du 24 mars.
Les 44 parlementaires du jour ont été choisis lors d’un scrutin en ligne et selon une certaine représentativité. 29 sièges sont occupés par des Suisses alémaniques, 12 par des Romands, 2 par des Tessinois et 1 par un Romanche. 60% des sièges sont occupés par des personnes avec un handicap physique. 30% des parlementaires ont un handicap sensoriel. Parmi ces personnes, celles qui ont des problèmes de vue sont deux fois plus nombreuses que les malentendants. Enfin, une petite minorité représente des personnes ayant des troubles psychiques ou une déficience intellectuelle.
Dans certains cantons, les personnes en situation de handicap sont encore empêchées d’exercer leur droit de vote et d’éligibilité et sont sous-représentées en politique. Cette première édition de la session des personnes handicapées doit accoucher d’une résolution commune afin de développer une politique inclusive à tous les niveaux politiques.
La session est à suivre sur ce lien.
Sur Twitter, les chefs de groupe Damien Cottier (PLR) et Thomas Aeschi (UDC) ont salué cette journée placée sous le signe de l’inclusion.