France: Hollande continue de prôner le dialogue social

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FranceHollande continue de prôner le dialogue social

Le président de la République a réuni lundi les syndicats, le patronat et le gouvernement afin de débattre des enjeux sociaux de l'année à venir.

Sur fond de grand scepticisme des Français, qui jugent à 92% le dialogue social «en panne», François Hollande a réuni les syndicats et le patronat afin de débattre des enjeux sociaux.

Sur fond de grand scepticisme des Français, qui jugent à 92% le dialogue social «en panne», François Hollande a réuni les syndicats et le patronat afin de débattre des enjeux sociaux.

AFP

Malmené sur le front social, le président socialiste français François Hollande a défendu lundi avec vigueur le dialogue entre syndicats et patronat et assuré que le conflit à Air France ne reflétait pas l'état du pays.

«Un certain nombre d'observateurs veulent toujours qu'il y ait une marmite qui chauffe et qui explose. Non ! Le conflit à Air France ne résume pas l'état de la France», a déclaré le chef de l'Etat à la radio RTL.

Alors que l'opposition de droite vilipende des syndicats jugés hostiles à toute réforme, François Hollande a rétorqué, sur la défensive: «Qu'on ne compte pas sur moi, parce qu'il y a eu des violences ici ou là, en l'occurrence à Air France, pour discréditer le combat syndical, qui a sa noblesse».

Exit les sujets qui fâchent: le chômage, qui s'incruste au dessus des 10%, et la réforme du code du travail promise pour l'été 2016. Seuls trois sujets consensuels, dont les emplois verts et ceux du numérique, figurent au menu des discussions.

Malgré tout, pour la deuxième année, cette «conférence sociale» est boycottée par l'influente Confédération générale du Travail (CGT), dont les relations avec le gouvernement, déjà tendues, se sont encore dégradées depuis les violences en début de mois à Air France.

Conflit à Air France «révélateur»

La semaine dernière, un syndicaliste CGT a refusé de serrer la main du président Hollande en visite dans une entreprise, afin de protester contre la gestion par l'exécutif du conflit à Air France. «Ce que j'attends des organisations syndicales, ce n'est pas de la politesse, c'est de l'engagement pour le dialogue», a-t-il commenté.

L'autre grand syndicat contestataire, Force Ouvrière (FO), a choisi de participer lundi à la réunion gouvernement-patronat-syndicats, tout en dénonçant «l'autoritarisme social» du gouvernement. Et, pour son secrétaire général Jean-Claude Mailly, le conflit à Air France est bien «révélateur» d'un climat social «dégradé».

Le 5 octobre, des salariés de la compagnie aérienne avaient molesté des représentants de la direction à l'annonce d'un plan social qui menace 2.900 emplois sur deux ans. Les images du directeur des ressources humaines, la chemise en lambeaux, ont fait le tour du monde.

Cinq salariés du groupe, dont des membres de la CGT, ont été interpellés, certains à l'aube à leur domicile, ce qui a été vivement critiqué dans les rangs syndicaux. Ils seront jugés en décembre.

«Ceux qui commettent des violences (...) doivent être punis», a commenté le président, tout en soulignant que «d'autres méthodes» auraient pu être utilisées pour appréhender les salariés.

Malgré cet épisode, le PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a annoncé dimanche que le premier volet du plan social serait bien lancé en 2016 et concernerait près de 1000 emplois, tout en laissant la poste ouverte aux négociations pour la suite.

«Nous pouvons éviter les licenciements», lui a répondu lundi François Hollande. «Je demande aussi bien à la direction qu'aux partenaires sociaux d'être responsables», a-t-il ajouté. «Chacun doit faire sa part du chemin».

Seul «le dialogue» permet de surmonter les conflits et de vivre «dans une société apaisée», a martelé François Hollande, en se félicitant d'un accord de principe intervenu vendredi sur le régime de retraites complémentaires entre le patronat et trois syndicats réformateurs.

Prise de responsabilités

Interrogé sur sa gestion jugée moins tranchée sur le plan intérieur qu'elle ne l'est sur la scène internationale, le président a martelé qu'il prenait ses responsabilités. «Quand j'ai des décisions à prendre, je les prends», a-t-il lancé. «La société française c'est pas une armée qui obéit au doigt et à l'œil» au chef des armées, a-t-il aussi ajouté.

Les syndicats français, qui comptent peu d'adhérents, peinent depuis quelques années à organiser de grandes manifestations sur des mots d'ordre nationaux, mais des revendications sectorielles mobilisent régulièrement les Français, comme les éleveurs cet été, les policiers la semaine dernière ou les avocats dans les jours prochains.

(AFP)

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