Marche contre le terrorismeHollande: «Paris est aujourd'hui la capitale du monde»
«Paris est aujourd'hui la capitale du monde», a lancé Hollande aux membres du gouvernement réunis à l'Elysée avant de se rendre à la marche contre le terrorisme, en présence d'une cinquantaine de responsables étrangers.
Trois djihadistes français se revendiquant d'Al-Qaïda et du groupe Etat islamique ont tué cette semaine 17 personnes dont 7 journalistes du journal humoristique Charlie Hebdo, 4 juifs et 2 policiers dont un musulman, et fait une vingtaine de blessés.
Les trois tueurs, qui ont eu recours à des prises d'otages, ont été abattus par des commandos français.
Avec en tête les familles des victimes, le cortège, sous haute protection policière avec des tireurs d'élite postés le long du parcours dans une capitale quadrillée par les forces de l'ordre, devait débuter à 15h Place de la République et s'étirer sur au moins deux tracés jusqu'à la Place de la Nation.
«Ce sera une manifestation inouïe (...) qui doit être forte, digne, qui doit montrer la puissance et la dignité du peuple français qui va crier son amour de la liberté et de la tolérance», selon le Premier ministre français Manuel Valls. Il s'agit d'abord du «rassemblement du peuple français», a renchéri l'Elysée.
François Hollande y participera avec une vingtaine de dirigeants européens, plusieurs présidents africains, et pour le Proche-Orient, le couple royal de Jordanie, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président palestinien, Mahmoud Abbas.
La présence de ces derniers ensemble dans une manifestation est sans précédent.
Sans Obama
Le président américain Barack Obama ne sera en revanche pas à la «marche républicaine», pas plus que son chef de la diplomatie John Kerry alors que son homologue russe Sergueï Lavrov sera présent. Les Etats-Unis ne seront représentés que par leur ministre de la Justice Eric Holder, à Paris pour une réunion ministérielle internationale sur le terrorisme convoquée après l'attaque contre Charlie Hebdo.
Les attaques contre ce journal et dans un supermarché casher ont fait l'objet d'une réprobation quasi-unanime dans le monde. Des manifestations devaient avoir lieu dimanche dans d'autres pays comme l'Allemagne où un journal ayant publié des caricatures de Charlie Hebdo a fait l'objet d'un incendie criminel dans la nuit.
Retrouvez ici notre couverture minute par minute du dénouement tragique des prises d'otages à Paris
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Le slogan «Je suis Charlie» s'est répandu en trois jours sur la planète, en texte, dessins, chansons, signe d'attachement à la liberté d'expression.
Français stupéfiés
Samedi, sonnées mais mobilisées au lendemain du pire épisode terroriste de l'histoire récente du pays, près de 700'000 personnes ont manifesté spontanément en France pour rendre hommage aux victimes des djihadistes.
Brandissant un stylo ou des Unes du journal Charlie Hebdo, une foule d'anonymes a manifesté émotion et solidarité. A Toulouse dans le sud-ouest, déjà meurtrie par des attaques contre des juifs du djihadiste, français Mohammed Merah en 2012, 100'000 personnes ont manifesté, du jamais vu.
L'attaque meurtrière, mercredi à Paris, contre l'hebdomadaire satirique par les frères d'origine algérienne Saïd et Chérif Kouachi, puis celle contre une policière jeudi et un supermarché casher vendredi, où quatre juifs ont été tués par un autre djihadiste d'origine malienne, Amedy Coulibaly, lié aux deux premiers depuis un séjour en prison, ont stupéfié les Français.
A la demande de François Hollande, très impopulaire mais au blason redoré par la fermeté avec laquelle il a géré la pire crise de son quinquennat, la classe politique, de la gauche au pouvoir à l'opposition de droite, a affiché une «union nationale» face au terrorisme. Seul bémol, la polémique autour de la présence non souhaitée à la marche de Paris du parti d'extrême droite Front national qui accuse l'immigration d'être à l'origine de l'islamisme radical en France.
Excuses de la famille Coulibaly
Alors que la société française traverse une crise identitaire suscitant des interrogations sur la place de l'islam et l'immigration, la famille du djihadiste Coulibaly a condamné les attentats.
«Nous ne partageons absolument pas ces idées extrêmes. Nous espérons qu'il n'y aura pas d'amalgame entre ces actes odieux et la religion musulmane», a affirmé la famille d'Amedy Coulibaly. Les proches d'un policier musulman tué mercredi, ont appelé à «ne pas déclencher des guerres, brûler des mosquées ou des synagogues».
Depuis mercredi, Paris et sa région sont soumis à une alerte maximale contre le terrorisme, avec la mobilisation de milliers de policiers et gendarmes qui patrouillent dans les rues, les transports en commun et les principaux lieux publics et touristiques.
«La France n'en a pas terminé avec les menaces», a averti vendredi le président français, alors que le gouvernement français a reconnu «des failles» dans la sécurité du pays.
Dans une vidéo diffusée le même jour, un responsable religieux d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), Harith al-Nadhari, a menacé de nouvelles attaques: «Vous ne serez pas en sécurité tant que vous combattrez Allah, Son messager et les croyants».