Bosnie-HerzégovineHommage aux 127 victimes inhumées à Srebrenica
Vingt-et-un ans après le massacre, des milliers de personnes se sont recueillies. De nouvelles victimes avaient été identifiées.

Un homme musulman devant les cercueils de proches qui ont été récemment identifié parmi les victimes du massacre de Srebrenica en 1995.
Des milliers de personnes ont rendu hommage lundi à 127 victimes de Srebrenica en Bosnie. Les restes de celles-ci ont été inhumés à l'occasion du 21e anniversaire du massacre.
Après une prière collective dirigée au Mémorial par le grand mufti de Bosnie Husein Kavazovic, les cercueils ont été portés en terre par les proches.
«C'est comme s'ils venaient de mourir, la douleur est la même. J'ai attendu et espéré tout ce temps qu'ils reviendraient un jour», pleure Ahmija Hasanovic, 49 ans, cheveux coiffés d'un voile bleu. Elle assistait à l'inhumation des restes de son père Aljo et de son frère Alo, récemment retrouvés.
Cette femme, qui vit aujourd'hui en Suisse, avait perdu un autre frère et sa mère à Srebrenica avant ce massacre de juillet 1995. «Mon troisième frère est décédé après la guerre de tristesse», dit-elle.
Plus de 8000 tués
Selon le Mémorial de Srebrenica, 8372 hommes et adolescents ont été assassinés en quelques jours et jetés dans 77 fosses communes, cinq mois avant la fin du conflit. Plus de mille corps sont encore recherchés, selon l'Institut bosnien pour les personnes disparues.
Plus de 6400 victimes sont enterrées à Srebrenica et 230 ailleurs. Quelque 350 personnes n'ont pas été inhumées, soit parce qu'elles n'ont pas été identifiées, soit faute d'accord des familles.
Pire tuerie commise en Europe depuis la Deuxième Guerre mondiale, ce seul épisode de la guerre intercommunautaire (1992-1995) est considéré comme un acte de génocide par la justice internationale.
Génocide non reconnu
Une qualification que Milorad Dodik, chef de la Republika Srpska, l'entité serbe de Bosnie, a de nouveau contestée lundi : «Je vous le dis, nous ne reconnaîtrons pas le génocide. Le génocide n'a pas eu lieu», a-t-il déclaré, cité par des médias bosniens. «Le premier pas vers une véritable réconciliation sera fait lorsque la vérité sera reconnue et acceptée», a dit de son côté le chef politique des Musulmans bosniaques, Bakir Izetbegovic.
L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été condamné en mars par la justice internationale à 40 ans de prison. Il a notamment été reconnu coupable de génocide à Srebrenica. Soupçonné d'avoir ordonné ces massacres, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, est jugé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye.